Paris s’apprête à devenir l’épicentre des efforts diplomatiques pour résoudre la crise persistante dans l’Est de la République Démocratique du Congo. La conférence humanitaire du 30 octobre 2025, annoncée officiellement par l’ambassadeur français Jérôme Bonnafont lors de la 10016e réunion du Conseil de sécurité consacrée aux Grands Lacs, représente une initiative cruciale pour coordonner les actions internationales.
Le contexte régional demeure particulièrement préoccupant. Comment expliquer que des décennies de conflits continuent de déstabiliser cette région stratégique ? La réponse humanitaire d’envergure envisagée par la France vise précisément à briser ce cycle de violence. L’ambassadeur Bonnafont a souligné avec force la nécessité d’une approche multidimensionnelle : « Le Conseil doit appuyer résolument les efforts pour cesser le combat, trouver une solution politique, garantir le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC et répondre à l’urgence humanitaire ».
L’engagement personnel d’Emmanuel Macron, évoqué lors de la 80e Assemblée générale des Nations-Unies, confère à cet événement une dimension politique significative. Le président français avait insisté sur l’impératif de « rendre l’espoir à la population du Kivu et aux centaines de milliers de personnes déplacées ». Cette conférence humanitaire Paris RDC s’inscrit dans une dynamique plus large de mobilisation internationale, intégrant les efforts de l’Union Africaine, du Qatar et des États-Unis.
La situation sur le terrain justifie amplement cette mobilisation urgente. La crise Grands Lacs atteint des proportions alarmantes, avec 21,2 millions de Congolais affectés par des crises multiples selon les dernières estimations. Le plan de réponse humanitaire 2025 pour la RDC, chiffré à 2,54 milliards de dollars, ne bénéficie actuellement que d’un financement à hauteur de 15%. Cette pénurie de ressources intervient paradoxalement au moment où les besoins humanitaires atteignent des niveaux records.
La coordination des affaires humanitaires des Nations-Unies (OCHA) alerte régulièrement sur la criticité de la situation, particulièrement dans les provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri. Ces régions concentrent l’essentiel des déplacés Est Congo, avec 7,8 millions de personnes déplacées internes sur les 11 millions ciblées par l’aide humanitaire. Le financement ONU RDC, réduit drastiquement dans le plan mondial 2025, passe de 44 à 29 milliards de dollars, obligeant à des choix douloureux dans l’allocation des ressources.
La conférence parisienne devra donc répondre à un double défi : mobiliser des fonds supplémentaires tout en créant les conditions d’une paix durable. La recherche de la paix Kivu Ituri constitue l’objectif fondamental de cette initiative, comme l’a rappelé l’ambassadeur Bonnafont. La coprésidence avec le Togo, médiateur de l’Union Africaine, symbolise l’importance d’une approche africaine des solutions.
Les défis à surmonter restent considérables. La spirale de violence qui s’étend de l’Ituri au Tanganyika, combinée à la présence d’autorités de facto dans des zones clés du Kivu, complique considérablement l’acheminement de l’aide humanitaire. La communauté internationale parviendra-t-elle à rompre avec les demi-mesures qui ont caractérisé jusqu’à présent les interventions dans la région ?
La réussite de cette conférence dépendra de la capacité des participants à dépasser les déclarations d’intention pour mettre en œuvre des actions concrètes. L’urgence humanitaire, couplée à l’impératif de stabilité régionale, exige une réponse à la hauteur des enjeux. Les populations de l’Est de la RDC attendent désespérément que ces assises parisiennes marquent un tournant décisif dans leur quête légitime de sécurité et de dignité.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
