À 30 kilomètres de Kolwezi, le pont Lualaba présente un visage inquiétant. Les garde-fous, endommagés par de multiples accidents, ont cédé par endroits, laissant apparaître des vides béants au-dessus des eaux tumultueuses du fleuve Congo. Des lampadaires arrachés gisent au sol tandis que d’autres structures métalliques penchent dangereusement, menaçant de basculer dans le cours d’eau. Cette situation critique met en péril la sécurité des milliers d’usagers qui empruntent quotidiennement cet axe vital reliant Kolwezi à Lubumbashi.
« Comment expliquer que des conducteurs traversent ce pont à vive allure alors que les garde-fous sont dans cet état ? », s’interroge Roger, un chauffeur expérimenté. « Dernièrement, un véhicule a failli se renverser dans le fleuve. Nous avons dû intervenir rapidement pour sauver des vies. » Son témoignage traduit l’angoisse palpable qui règne parmi les usagers de ce pont stratégique. La question de la sécurité routière RDC se pose avec acuité dans ce contexte périlleux.
Pendant ce temps, des embouteillages monstres paralysent les deux rives du pont. Véhicules légers et poids lourds forment des files interminables, transformant la traversée de ce pont de 710 mètres en un véritable calvaire. Les conducteurs doivent patienter entre 30 et 45 minutes pour parcourir une distance qui normalement ne prendrait que quelques minutes. Ces embouteillages Kolwezi impactent directement l’activité économique de toute la région.
Patrick, chauffeur sur la ligne Kolwezi-Kisanfu, interpelle les autorités : « Nous circulons sur une route nationale où la vitesse est normalement de 80 km/h. Mais comment respecter le code de la route quand les infrastructures sont défaillantes ? Un pont de cette importance ne devrait jamais être dépourvu de garde-fous en état. » Son inquiétude est partagée par l’ensemble de la communauté des transporteurs qui réclament une accélération des travaux de réhabilitation.
La réhabilitation du pont Lualaba est pourtant en cours. L’entreprise CREC 7, qui avait initialement construit l’ouvrage, œuvre actuellement au renforcement des structures défaillantes. « Les premiers garde-fous étaient soutenus par une seule borne. Pour améliorer la sécurité, nous doublons maintenant les supports », explique un ingénieur sur le chantier. Mais ces travaux, entamés il y a trois mois, contribuent à aggraver la situation de circulation, une seule voie étant maintenue ouverte à la circulation.
Les accidents pont RDC se multiplient, mettant en lumière les défis de maintenance des infrastructures dans le pays. Le pont Lualaba n’est pas qu’un simple ouvrage d’art : c’est la porte d’entrée vers la capitale mondiale du cobalt, un axe vital pour l’économie minière de la région. Toute la logistique et la production des entreprises exploitant le cuivre et le cobalt transitent par ce pont, faisant de sa sécurisation une priorité absolue.
Inauguré en 2015 par l’ancien président Joseph Kabila, ce pont en béton armé d’une capacité de 100 tonnes représente un investissement crucial pour la connectivité entre les provinces du Lualaba et du Haut-Katanga. Mais aujourd’hui, sa dégradation rapide soulève des questions fondamentales sur l’entretien des infrastructures stratégiques en RDC. Jusqu’à quand faudra-t-il attendre pour que la sécurité des usagers soit garantie ?
La situation actuelle du pont Lualaba reflète un problème plus large de maintenance des infrastructures routières en République Démocratique du Congo. Alors que les conducteurs continuent à risquer leur vie chaque jour, les travaux avancent lentement, au rythme des contraintes techniques et budgétaires. Dans l’attente d’une solution durable, usagers et autorités doivent trouver un équilibre entre sécurité et fluidité du trafic sur cet axe indispensable au développement économique de la région.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net