Dans un contexte politique congolais particulièrement tendu, l’ancien président Joseph Kabila opère un retour stratégique sur l’échiquier politique national. Le conclave de Nairobi, réunissant forces politiques et sociales congolaises, a accouché d’une nouvelle plateforme dénommée « Mouvement sauvons la République démocratique du Congo ». Cette initiative, portée par l’ancien chef de l’État, marque-t-elle un tournant décisif dans l’opposition au régime Tshisekedi ?
La désignation de Joseph Kabila à la présidence de ce mouvement politique constitue un signal fort envoyé au pouvoir en place. Les participants à ce conclave, réunis les 14 et 15 octobre 2025, ont clairement positionné cette nouvelle structure comme l’épicentre de la résistance contre ce qu’ils qualifient de « dérives dictatoriales » du gouvernement actuel. Le mouvement Joseph Kabila prend ainsi une dimension institutionnelle, se dotant d’une organisation structurée et d’un leadership incontesté.
La déclaration finale du conclave Nairobi RDC dresse un portrait sans concession de la situation nationale. Les participants dénoncent une « crise multiforme » aux dimensions politique, économique et sociale, accusant l’administration Tshisekedi de violations constitutionnelles répétées et de restriction de l’espace démocratique. Cette analyse alarmiste sert de justification morale à la création du « Mouvement sauvons la RDC », présenté comme l’ultime rempart contre la tyrannie.
Sur le plan juridique, le conclave a fermement rejeté l’arrêt de la Haute Cour militaire condamnant Joseph Kabila à la peine capitale. Les participants estiment cette décision « nulle et sans effet », la jugeant contraire à la Constitution et à la loi sur le statut des anciens chefs d’État. Cette position illustre la volonté du mouvement de délegitimer l’appareil judiciaire, perçu comme instrumentalisé par le pouvoir en place.
Le programme d’action du « Mouvement sauvons la RDC » s’articule autour des douze points de sortie de crise précédemment proposés par Joseph Kabila. Cette feuille de route, qui sert de colonne vertébrale à l’opposition politique Congo émergente, prône notamment le dialogue inclusif sous l’égide de la CENCO et de l’ECC. Les participants rejettent catégoriquement ce qu’ils qualifient de « monologue politique » du président Tshisekedi, soulignant ainsi l’impasse des initiatives gouvernementales actuelles.
La dimension internationale de cette crise politique RDC 2025 n’a pas été négligée. Le mouvement annonce le lancement d’une offensive diplomatique visant à sensibiliser la communauté internationale sur la gravité de la situation congolaise. Parmi les revendications phares : le retrait immédiat de toutes les troupes étrangères et mercenaires du territoire national. Cette internationalisation du conflit politique témoigne de la stratégie multidimensionnelle adoptée par les opposants.
L’appel à la résistance populaire lancé par le mouvement interpelle particulièrement. En invitant « la population à résister à la dictature pour sauver la RDC », les organisateurs du conclave jouent-ils avec le feu ? Cette incitation à la mobilisation citoyenne pourrait-elle déstabiliser davantage un pays déjà fragilisé par de multiples crises ?
La création de cette plateforme représente un défi majeur pour le régime Tshisekedi. En structurant l’opposition autour d’une figure aussi controversée que Joseph Kabila, les organisateurs du conclave parient sur la capacité de l’ancien président à fédérer les mécontentements. Reste à savoir si cette stratégie portera ses fruits ou si elle accentuera les divisions au sein de l’opposition congolaise.
La suite des événements dépendra largement de la capacité du « Mouvement sauvons la RDC » à transformer ses déclarations en actions concrètes. La crédibilité de cette nouvelle force politique sera jugée à l’aune de sa capacité à mobiliser effectivement la population et à peser sur le cours des événements. Dans un pays en proie à une crise politique sans précédent, l’émergence de ce mouvement pourrait bien redéfinir les équilibres politiques pour les mois à venir.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
