La province du Kwango se trouve plongée dans une crise institutionnelle sans précédent alors qu’une motion de défiance visant le gouverneur Willy Bitwisila a été officiellement déposée ce mardi 14 octobre devant l’Assemblée provinciale. Cette initiative parlementaire, qui intervient dans un contexte politique déjà volatile, pourrait marquer un tournant décisif dans la gouvernance de cette entité territoriale.
Les motifs invoqués par les députés provinciaux signataires révèlent une défiance profonde à l’égard de l’exécutif provincial. La gestion qualifiée de « calamiteuse » des affaires publiques, les présomptions de détournement de fonds publics et les accusations d’outrage à l’institution législative constituent le cœur des griefs formulés contre le gouverneur Bitwisila. Comment un mandat qui devait incarner le renouveau provincial a-t-il pu dériver vers une telle impasse politique ?
La motion de défiance au Kwango s’inscrit dans une séquence politique particulièrement agitée, survenant peu après une première tentative de remise en cause du président de l’Assemblée provinciale. Cette escalade des tensions entre les pouvoirs exécutif et législatif traduit-elle l’échec d’un système de gouvernance ou révèle-t-elle plutôt les limites d’une cohabitation institutionnelle mal assumée ?
Achille Kidimbu, l’un des artisans de cette initiative parlementaire, ne mâche pas ses mots lorsqu’il évoque « l’incompétence » et « l’amateurisme » qu’il attribue à l’actuel gouverneur. La question rhétorique qu’il adresse à ses pairs résume à elle seule l’enjeu fondamental de cette crise : « Est-ce que celui à qui nous avons confié la gestion de notre province répond encore aux besoins de la population ? » Cette interrogation, qui résonne comme un réquisitoire, dépasse la simple personne du gouverneur pour interpeller l’ensemble de la classe politique provinciale.
L’absence de bilan à mi-parcours, pointée du doigt par les signataires, soulève des questions plus fondamentales sur les mécanismes de redevabilité dans la gestion des affaires publiques. Dans une province riche en potentialités mais confrontée à d’immenses défis de développement, la transparence dans l’administration des ressources publiques devrait constituer une exigence non négociable. La crise politique qui secoue le Kwango met en lumière les défaillances d’un système où la confiance entre institutions s’est érodée au point de menacer la stabilité même de l’édifice provincial.
Les prochains jours s’annoncent décisifs pour l’avenir politique du Kwango. L’examen de cette motion de défiance placera chaque député provincial devant ses responsabilités, le forcing à choisir entre la loyauté partisane et l’intérêt supérieur de la province. La destitution du gouverneur Willy Bitwisila, si elle venait à être actée, représenterait un séisme politique dont les répliques se feraient sentir bien au-delà des frontières du Kwango.
Cette crise institutionnelle interroge plus globalement sur l’efficacité des mécanismes de contrôle parlementaire dans les provinces congolaises. La répétition des motions de défiance dans différentes entités du pays témoigne-t-elle d’une maturation démocratique ou au contraire d’une instabilité politique chronique ? La réponse à cette question déterminera en grande partie la capacité des institutions provinciales à remplir leur mission fondamentale : servir les populations dans la transparence et l’efficacité.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net