Dans un contexte sécuritaire particulièrement tendu marqué par ce que Kinshasa qualifie d’« agression rwandaise », le vice-Premier ministre de la Défense nationale entame une tournée d’inspection des centres de formation militaire. Cette visite à Kamina révèle-t-elle une volonté réelle de réformer les FARDC ou s’agit-il d’une simple opération de communication ?
Le Centre d’instruction militaire de Kamina, haut lieu de formation des forces armées congolaises, a accueilli mercredi 15 octobre le numéro deux du ministère de la Défense. Guy Kabombo Muadiamvita, dans le cadre de sa tournée d’inspection du dernier trimestre 2025, a personnellement vérifié l’application des Dispositions ministérielles permanentes qu’il avait lui-même promulguées quelques mois plus tôt. Cette inspection militaire à Kamina s’inscrit dans une stratégie plus large de restructuration des forces de défense nationales.
La présence du ministre à Lumwe, où il fut accueilli par le gouverneur Marmont Banza, ne relève pas du simple protocolaire. Elle traduit une préoccupation gouvernementale face aux défis sécuritaires que traverse la RDC. Le choix de Kamina, chef-lieu du Haut-Lomami, n’est certainement pas anodin dans cette géopolitique complexe de l’Est du pays.
Au cours d’une causerie morale avec des milliers de recrues, le vice-Premier ministre a martelé le discours de l’abnégation et du sacrifice pour la nation. « Motivés et déterminés à apprendre pour devenir aguerris et mieux défendre la patrie », telle est la ligne directrice transmise aux jeunes soldats en formation spécialisée. Cette formation militaire en RDC représente-t-elle véritablement l’avenir d’une armée républicaine ou simplement un exercice de style dans un pays en proie à l’instabilité ?
La visite du Centre de santé de la Base Kamina, dont les travaux sont achevés à 90%, démontre une attention particulière aux conditions de vie des militaires. La remise des clés prévue dans deux mois au ministère de la Défense constituera un test pour la crédibilité des engagements gouvernementaux en matière d’infrastructures militaires.
Plus symbolique encore, la rencontre avec les épouses et veuves de militaires, accompagnée de la remise d’enveloppes pour besoins primaires, interroge sur la pérennité du système de protection sociale des familles militaires. Cette générosité ponctuelle suffira-t-elle à pallier les carences structurelles dont souffrent les proches des soldats ?
Selon le service de communication du ministre, Guy Kabombo Muadiamvita serait « fermement engagé dans sa volonté de réformer et de rebâtir les FARDC ». Son investissement dans la formation des hommes en uniforme serait le gage d’une « armée puissante et républicaine ». Mais entre les déclarations d’intention et la réalité du terrain, le fossé reste parfois considérable.
Cette inspection militaire Kamina intervient à un moment crucial où la crédibilité des institutions de défense est régulièrement mise à l’épreuve. La formation militaire RDC peut-elle véritablement transformer des recrues en soldats aguerris capables de faire face aux multiples défis sécuritaires ? La visite ministre défense Guy Kabombo Muadiamvita apporte quelques éléments de réponse, mais soulève davantage de questions qu’elle n’en résout.
Le Centre instruction militaire de Kamina devient ainsi le théâtre d’une démonstration de l’engagement gouvernemental en faveur d’une armée professionnalisée. Reste à savoir si ces inspections successives déboucheront sur des réformes structurelles profondes ou si elles ne constitueront que des arbres cachant la forêt des difficultés persistantes au sein des FARDC.
Alors que le pays entre dans une phase décisive de son histoire sécuritaire, la capacité de Guy Kabombo Muadiamvita à transformer ses inspections en véritables leviers de réforme déterminera non seulement l’avenir des FARDC, mais également la crédibilité du gouvernement Suminwa dans son approche globale de la question défense.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net