Alors que Kinshasa devient l’épicentre des réflexions stratégiques sur l’avenir de la région, le Forum national sur les enjeux socio-économiques et miniers liés aux accords de paix en RDC ouvre des perspectives inédites. Cette rencontre de haut vol, qui se déroule du 15 au 17 octobre 2025 au Salon Congo de l’Hôtel Pullman, pourrait-elle marquer un tournant décisif dans la gestion des ressources naturelles congolaises ?
Placé sous le thème « Ensemble pour le développement, la paix et la responsabilité partagée », ce forum paix RDC représente une initiative majeure du Comité de crise pour la paix et la sécurité. La présence conjointe d’acteurs de la société civile, de représentants gouvernementaux et de partenaires techniques et financiers témoigne de l’urgence d’une approche multisectorielle face aux défis persistants.
La vice-ministre de l’Intérieur, Eugénie Tshiela, a d’emblée situé l’enjeu lors de la cérémonie d’ouverture : « Le gouvernement est déterminé à s’approprier les résolutions de ce forum pour en faire des leviers concrets de transformation. » Cette déclaration, aussi ferme soit-elle, soulève une question fondamentale : les engagements politiques suffiront-ils à rompre le cercle vicieux liant minerais et conflits ?
Patient Bashombe, coordonnateur du comité organisateur, apporte une réponse sans ambages : « Il est temps que les minerais du Congo cessent d’être le carburant de la guerre. Notre pays mérite une gouvernance minière RDC responsable qui transforme ces richesses en opportunités de développement plutôt qu’en sources de violence. » Cette position reflète une prise de conscience croissante face à la paradoxale malédiction des ressources.
Les travaux s’articulent autour d’un objectif central : proposer des mécanismes concrets pour faire des ressources naturelles un moteur de stabilité. La coopération allemande (GIZ), principal bailleur de l’événement, insiste sur la nécessité d’une « responsabilité partagée » dans la gestion des ressources et des accords paix Congo. Cette approche collaborative pourrait-elle enfin briser l’isolement des initiatives précédentes ?
La participation des ministères des Mines et de l’Intégration régionale souligne la dimension à la fois nationale et transnationale des défis. Le développement Grands Lacs passe nécessairement par une coordination renforcée entre les différents acteurs régionaux. Les ressources minières conflits constituent en effet un enjeu transfrontalier qui dépasse largement le cadre purement congolais.
Au-delà des déclarations d’intention, ce forum devra répondre à une exigence de résultats tangibles. La transformation des accords de paix en véritables leviers de développement représente un défi de taille pour l’ensemble des parties prenantes. La crédibilité du processus dépendra de la capacité à mettre en œuvre des solutions pratiques et durables.
La gouvernance minière RDC se trouve ainsi au cœur des discussions, avec la recherche d’équilibres complexes entre exploitation économique, justice sociale et préservation de l’environnement. Comment garantir que les revenus miniers bénéficient réellement aux populations locales plutôt qu’aux seuls acteurs économiques et politiques ?
Alors que les travaux s’achèvent ce vendredi 17 octobre, l’attente est grande concernant les résolutions finales. Le véritable test consistera dans la mise en œuvre effective des recommandations, dans un contexte où les promesses ont souvent précédé les désillusions. Le gouvernement congolais saura-t-il traduire en actes son engagement affiché ?
Ce forum paix RDC représente indéniablement une étape importante dans la reconfiguration des approches de développement dans la région. Reste à savoir si les bonnes intentions suffiront à infléchir des dynamiques conflictuelles profondément ancrées. L’avenir du développement Grands Lacs se joue peut-être dans ces assises kinoises, à condition que les paroles soient suivies d’actions concrètes.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net