Kinshasa devient l’épicentre d’une réflexion stratégique cruciale pour l’avenir économique de la République Démocratique du Congo. Depuis ce mercredi 15 octobre, la capitale congolaise accueille un Forum national dédié aux enjeux socio-économiques et miniers liés aux accords de paix dans la région des Grands Lacs. Cette initiative, placée sous le thème « Ensemble pour le développement, la paix et la responsabilité partagée », représente un tournant décisif dans l’approche congolaise de la gestion de ses richesses naturelles.
Comment transformer les ressources minières, souvent sources de conflits, en véritables leviers de développement économique ? Cette question fondamentale anime les débats de ces assises de trois jours organisées par le Comité de crise pour la paix et la sécurité en RDC. La présence conjointe d’acteurs de la société civile, de représentants gouvernementaux et de partenaires techniques et financiers illustre la dimension multisectorielle de cette démarche.
La gouvernance minière en RDC se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Alors que le pays possède des ressources minérales estimées à plusieurs milliers de milliards de dollars, leur exploitation n’a souvent alimenté que des cycles de violence et d’instabilité. Le forum paix RDC s’attaque précisément à ce paradoxe en proposant des mécanismes concrets pour inverser cette tendance historique.
L’engagement gouvernemental s’est clairement manifesté lors de la cérémonie d’ouverture. Eugénie Tshiela, vice-ministre de l’Intérieur, a réitéré la volonté des autorités de s’approprier les résolutions issues de ces travaux. Cette position officielle rencontre l’approbation des partenaires internationaux, notamment la coopération allemande (GIZ), principal bailleur de l’événement, qui prône une responsabilité partagée dans la gestion des ressources et des accords de paix.
La problématique des ressources minières et conflits constitue le cœur des discussions. Patient Bashombe, coordonnateur du comité organisateur, a martelé un message fort : « Il est temps que les minerais du Congo cessent d’être le carburant de la guerre ». Cette déclaration percutante résume l’urgence d’une gouvernance minière responsable capable de freiner les conflits armés qui entravent le développement économique du pays.
Les travaux techniques se déroulent au Salon Congo de l’Hôtel Pullman, rassemblant jusqu’au vendredi 17 octobre plusieurs institutions publiques stratégiques, dont les ministères des Mines et de l’Intégration régionale. Cette configuration institutionnelle démontre la volonté d’aborder la question minière sous l’angle du développement économique Kinshasa et de l’ensemble du territoire national.
Les accords paix Grands Lacs représentent-ils une simple feuille de route diplomatique ou peuvent-ils véritablement servir de cadre pour une exploitation rationnelle des ressources naturelles ? Le forum tente d’apporter des réponses concrètes à cette interrogation cruciale. La transformation du secteur minier en moteur de stabilité nécessite une refonte complète des mécanismes de régulation et de redistribution.
L’enjeu dépasse largement le cadre économique immédiat. Une gestion transparente et équitable des richesses minières pourrait constituer le fondement d’une paix durable dans l’est du pays, où les groupes armés se financent principalement grâce au trafic illicite de minerais. Le développement économique régional apparaît ainsi indissociable de la sécurisation des zones d’exploitation.
La communauté internationale observe avec attention les conclusions de ce forum, consciente que la stabilité de toute la région des Grands Lacs dépend en grande partie de la capacité de la RDC à maîtriser son destin minier. Les partenaires techniques et financiers présents expriment leur volonté d’accompagner cette transition vers une exploitation responsable, mais insistent sur la nécessité d’engagements fermes et vérifiables.
Alors que les travaux s’achèvent vendredi, l’attente est grande concernant les recommandations concrètes qui émergeront de ces réflexions. La réussite de ce forum paix RDC se mesurera à l’aune de sa capacité à produire des mécanismes opérationnels permettant de rompre définitivement le lien néfaste entre exploitation minière et conflits armés. Le développement économique du Congo et la stabilité régionale en dépendent directement.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net