Les Forces armées de la République démocratique du Congo ont présenté ce mercredi 15 octobre un groupe de 43 anciens présumés rebelles du M23 lors d’une conférence de presse organisée à Kisangani, dans la province de la Tshopo. Cette présentation marque une avancée significative dans les opérations de sécurité menées par les FARDC contre les groupes armés actifs dans l’Est du pays.
Selon des sources militaires crédibles, 32 de ces combattants ont déposé les armes volontairement tandis que 9 autres ont été capturés lors d’opérations militaires menées sur les lignes de front des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Ces régions restent en proie à une instabilité chronique malgré les efforts déployés par les autorités pour rétablir l’ordre et la sécurité.
Les ex-combattants sont arrivés à Kisangani il y a une semaine déjà et bénéficient actuellement d’une prise en charge appropriée selon les déclarations des autorités militaires. Comment cette réinsertion va-t-elle se concrétiser dans un contexte où les ressources demeurent limitées ? La question se pose avec acuité alors que le processus de paix continue de progresser par à-coups.
Plusieurs de ces anciens rebelles ont accepté de témoigner devant la presse des conditions extrêmement difficiles qu’ils ont endurées au sein du mouvement M23. « Nous avons subi d’énormes souffrances tant dans les centres de formation que dans les lieux de déploiement », a confié l’un d’eux sous couvert d’anonymat. Ces révélations viennent corroborer les nombreux rapports d’organisations humanitaires sur les pratiques de certains groupes armés opérant dans l’Est congolais.
Un événement particulièrement traumatisant semble avoir précipité la décision de plusieurs de ces hommes : l’assassinat brutal d’un colonel de leur groupe avec toute sa famille. Ce drame sanglant aurait convaincu de nombreux combattants de fuir pour se rendre aux autorités congolaises. Jusqu’où la violence peut-elle pousser des hommes à retourner leurs armes contre leurs anciens compagnons d’armes ?
Parmi les 43 individus présentés, quatre mineurs ont été identifiés, relançant ainsi les inquiétudes concernant l’utilisation persistante d’enfants soldats par les groupes armés en RDC. Cette pratique contraire au droit international humanitaire continue de soulever l’indignation des organisations de défense des droits de l’homme. Le major Nestor Mavudisa, porte-parole de la 3e zone de défense, a tenu à rappeler avec fermeté que « la place des enfants, c’est à l’école, c’est en famille ».
L’officier supérieur a également profité de cette tribune pour exhorter tous les groupes armés à respecter scrupuleusement le droit international humanitaire, en particulier le protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant qui interdit explicitement le recrutement d’enfants dans les conflits armés. Le message des FARDC est clair : les violations des droits humains ne seront plus tolérées.
Lors de cette présentation médiatique, l’armée congolaise a renouvelé son appel à de nouvelles redditions volontaires. Le major Mavudisa a lancé un message direct aux combattants encore enrôlés dans le M23 : « Libérez-vous dès que vous le pouvez. L’armée vous accueillera ». Cette invitation à la reddition s’inscrit dans une stratégie plus large visant à démanteler progressivement les groupes armés par la persuasion autant que par la force.
Cette opération de sécurité menée par les FARDC représente une nouvelle étape dans la lutte contre l’insécurité chronique qui mine les provinces orientales de la RDC. Elle souligne également les défis humanitaires complexes liés au démantèlement des groupes armés, particulièrement en ce qui concerne la réinsertion des anciens combattants et la protection des enfants victimes de ces conflits. La route vers une paix durable dans l’Est congolais reste semée d’embûches, mais chaque reddition constitue un pas dans la bonne direction.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
