Le marché des bananes plantains au Nord-Kivu connaît une transformation économique radicale, avec une chute vertigineuse des prix qui passe de 20 000 à 7 000 francs congolais le régime. Cette baisse spectaculaire de 65% en quelques semaines seulement représente un soulagement bienvenu pour les consommateurs mais interroge sur les équilibres économiques régionaux.
Sur l’axe stratégique Bweremana-Minova, véritable épicentre de cette révolution des prix, la situation contraste radicalement avec la pénurie et l’inflation qui caractérisaient le marché il y a encore quelques mois. Comment expliquer cette métamorphose aussi soudaine que significative ? La réponse se trouve dans la reprise progressive des activités agricoles, huit mois après le retour des populations dans les villages situés à cheval entre les territoires de Masisi au Nord-Kivu et Kalehe au Sud-Kivu.
« L’accès aux champs est désormais facilité, créant les conditions optimales pour une production abondante », explique un notable local. « Actuellement, au niveau du champ même, on peut facilement négocier un régime entre 4 000 et 5 000 francs congolais. La fluidité des échanges s’améliore quotidiennement, comme en témoigne le chargement permanent au port de Bweremana. »
Cette dynamique positive se traduit par des flux commerciaux impressionnants : plus de trois camions FUSO quittent quotidiennement la région, sans compter les bateaux qui sillonnent le lac Kivu vers Bukavu. Une quantité estimée à plus de 10 tonnes de bananes plantains est ainsi évacuée chaque jour, créant une offre excédentaire qui tire mécaniquement les prix vers le bas.
À Goma, épicentre commercial de la province, l’impact de cette augmentation de la production se fait ressentir directement sur les étals du marché de Kituku. Une vendeuse confirme cette tendance : « Un régime qui se négociait entre 20 000 et 25 000 francs congolais se vend désormais entre 7 000 et 15 000 francs. La baisse est réelle et significative pour nos clients. »
Cette embellie économique soulève plusieurs interrogations. Cette baisse des prix des bananes plantains au Nord-Kivu est-elle durable ou simplement conjoncturelle ? Quel impact aura-t-elle sur l’économie locale à moyen terme ? La production agricole de Bweremana-Minova peut-elle maintenir ce rythme soutenu ?
Les observateurs économiques notent que cette situation crée un cercle vertueux pour les consommateurs mais pourrait fragiliser les producteurs si les prix continuent de chuter. Le défi consiste maintenant à trouver un équilibre entre l’abondance de l’offre et la rémunération juste des agriculteurs.
Cette évolution du marché des bananes plantains en RDC représente un cas d’école en matière d’économie agricole. Elle démontre comment la stabilisation sécuritaire et le retour des populations peuvent directement influencer les mécanismes de prix et revitaliser les circuits commerciaux régionaux. La baisse des prix observée actuellement pourrait d’ailleurs présager une période de stabilité économique bénéfique pour l’ensemble de la région du Nord-Kivu.
À plus long terme, cette dynamique positive interroge sur la capacité de la région à développer une véritable filière bananière structurée, capable de répondre aux défis logistiques et de valorisation de la production. Le marché de Goma, principal débouché commercial, devra s’adapter à cette nouvelle donne économique qui transforme profondément les habitudes de consommation et les équilibres commerciaux historiques.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net