La grogne monte au sein de la communauté des dentistes en République Démocratique du Congo. Le 11 octobre dernier, l’Intersyndicale des médecins-dentistes a organisé un sit-in au Centre financier de Kinshasa, marquant une nouvelle étape dans leur lutte pour l’intégration dans la paie complémentaire du quatrième trimestre. Cette mobilisation s’inscrit dans un contexte de tensions persistantes autour des conditions salariales des professionnels de santé bucco-dentaire.
Comment expliquer cette mobilisation des dentistes en RDC ? La réponse réside dans un contentieux ancien qui oppose ces spécialistes à l’administration publique. Les délégués syndicaux, représentant les principales organisations professionnelles du secteur, espéraient obtenir la signature du projet actant leur prise en charge salariale. Mais le rendez-vous tourne court : le vice-premier ministre chargé du Budget, Adolphe Muzito, n’était pas disponible pour les recevoir.
La délégation a finalement été accueillie par le directeur de cabinet adjoint du vice-premier ministre, qui les a orientés vers le directeur de la paie. Ce dernier a jeté un froid en déclarant ne pas reconnaître l’existence d’un projet spécifique aux médecins-dentistes. Pire, il a évoqué une possible fusion avec le barème des médecins généralistes, une proposition immédiatement rejetée par les syndicats.
Cette situation crée un véritable malaise parmi les professionnels de la dentisterie congolaise. Les représentants syndicaux expriment des craintes légitimes : voir leur dossier une nouvelle fois mis en veilleuse. Le directeur de Cabinet adjoint a invité la délégation à reprendre contact avec le vice-ministre du Budget la semaine suivante, mais sans fournir de calendrier précis pour la suite du traitement du dossier. Une incertitude qui alimente la frustration.
Quels sont les fondements de cette revendication des dentistes ? Les médecins-dentistes dénoncent depuis plusieurs années ce qu’ils qualifient de discrimination salariale vis-à-vis de leurs collègues médecins généralistes. Leur argument principal : un niveau de formation et de responsabilité équivalent devrait naturellement se traduire par une rémunération comparable. Cette inégalité de traitement questionne la cohérence des politiques salariales dans la fonction publique congolaise.
La protestation des dentistes à Kinshasa s’appuie sur des directives gouvernementales déjà émises. Les syndicats rappellent que le vice-premier ministre de la Fonction publique et le ministre de la Santé se sont déjà prononcés en faveur de leur alignement barémique. Reste à traduire ces engagements en actes concrets, ce qui semble buter sur des obstacles administratifs persistants.
Quelles conséquences cette situation pourrait-elle avoir sur le système de santé congolais ? L’absence de reconnaissance salariale adequate risque d’affecter la motivation des dentistes et, à terme, la qualité des soins bucco-dentaires dispensés à la population. Dans un pays où l’accès aux soins spécialisés reste limité, maintenir un corps médical motivé et reconnu à sa juste valeur constitue un enjeu de santé publique majeur.
Les syndicats représentant les dentistes en RDC restent déterminés à poursuivre leur combat. La question du salaire des médecins-dentistes dépasse la simple revendication catégorielle : elle interroge la place accordée aux spécialistes médicaux dans la hiérarchie salariale de la fonction publique. L’intégration dans la paie complémentaire représenterait un signal fort en faveur de la reconnaissance de leur expertise.
La balle est désormais dans le camp des autorités budgétaires. La prochaine rencontre avec le vice-ministre du Budget sera déterminante pour l’avenir de ce dossier. Les dentistes congolais attendent des actes concrets et une clarification rapide de leur statut salarial. Leur patience, mise à rude épreuve, pourrait bientôt atteindre ses limites si des avancées significatives ne se concrétisent pas rapidement.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
