La ville de Kinshasa s’apprête à vivre un tournant historique dans la régulation de ses transports publics. En prélude à la réunion décisive de la commission de la grille tarifaire, le gouverneur Daniel Bumba a convoqué ce lundi une concertation d’envergure rassemblant l’ensemble des parties prenantes du secteur. Cette initiative gouvernementale marque une volonté ferme de restructurer un système tarifaire souvent décrié pour son opacité et son inéquité.
Comment expliquer que dans un contexte de baisse significative des prix des carburants, les usagers continuent de subir des tarifs prohibitifs ? Cette question fondamentale était au cœur des débats lors de cette réunion stratégique. Le chef de l’exécutif provincial a martelé avec insistance la nécessité impérieuse d’aligner la grille tarifaire transport Kinshasa sur les réalités économiques actuelles, particulièrement l’appréciation du franc congolais et la diminution du coût des hydrocarbures.
Le phénomène du « demi-terrain », cette pratique consistant à fractionner arbitrairement les trajets pour majorer indûment les prix, a été sévèrement fustigé par Daniel Bumba transport. Selon les analyses présentées, ces dérives spéculatives représentent un frein majeur au pouvoir d’achat des Kinois et contribuent à l’asphyxie économique de la capitale. Le gouverneur a dénoncé avec véhémence un système où « les prix du transport sont fixés au gré des propriétaires de véhicules, sans considération pour les variations du coût du carburant ».
La restructuration envisagée s’appuie sur trois piliers fondamentaux : la transparence, l’équité et le contrôle. L’affichage obligatoire des itinéraires sur chaque véhicule de transport public Kinshasa constituera la première mesure phare. Cette disposition, simple dans son principe mais révolutionnaire dans ses effets, vise à restaurer la confiance entre usagers et opérateurs. Un dispositif de contrôle renforcé sera simultanément déployé pour garantir l’application stricte des nouvelles dispositions.
Sur le plan économique, l’ajustement des prix carburant RDC représente une opportunité unique de recadrage sectoriel. Les experts présents ont souligné que la baisse durable du baril devrait normalement se répercuter sur l’ensemble de la chaîne de valeur des transports. Pourtant, force est de constater que cette baisse bénéfique peine à atteindre le portefeuille des usagers kinois. La nouvelle grille tarifaire se veut donc un mécanisme correcteur indispensable.
La commission devra également se pencher sur la problématique complexe de la tarification différentielle selon les axes et les périodes. Faut-il maintenir un tarif unique ou instaurer une progressivité en fonction de la longueur des trajets ? Cette question technique mais cruciale nécessitera une approche méthodique et chiffrée. Les représentants des chauffeurs ont plaidé pour une prise en compte réaliste de leurs charges d’exploitation, tandis que les autorités économiques ont insisté sur la nécessaire préservation du pouvoir d’achat des populations.
L’enjeu dépasse largement la simple question tarifaire. Il s’agit ni plus ni moins de redéfinir les fondamentaux du transport urbain dans une métropole de près de 15 millions d’habitants. Le transport public Kinshasa représente le système circulatoire de l’économie kinoise, et toute perturbation se répercute immédiatement sur l’ensemble des activités productives. La réussite de cette réforme conditionnera donc la stabilité sociale et économique de la capitale pour les prochains mois.
Quelles seront les conséquences pratiques de cette refonte pour les millions d’usagers quotidiens ? La nouvelle grille devrait théoriquement entraîner une baisse sensible des coûts de transport pour les ménages, libérant ainsi un pouvoir d’achat pouvant être réinjecté dans d’autres secteurs économiques. Pour les opérateurs, l’encadrement plus strict des pratiques pourrait initialement représenter un choc, mais à terme, la professionnalisation du secteur bénéficiera à tous les acteurs.
La mise en œuvre effective de ces mesures s’annonce comme le véritable test de crédibilité pour l’administration Bumba. Les précédentes tentatives de régulation du secteur des transports ont souvent échoué face à la résistance des intérêts établis. Mais cette fois, la détermination affichée par le gouverneur et l’arsenal de contrôle annoncé laissent entrevoir une application plus rigoureuse. La population kinoise, souvent sceptique face aux annonces gouvernementales, observe avec attention cette bataille pour la transparence tarifaire.
Au-delà de l’aspect purement économique, cette réforme s’inscrit dans une vision plus large de modernisation de la gestion urbaine. L’éradication du demi-terrain transport et l’instauration d’une tarification rationnelle représentent des étapes cruciales vers la professionnalisation d’un secteur vital pour la mobilité et l’activité économique. Le succès de cette initiative pourrait servir de modèle pour d’autres villes congolaises confrontées à des défis similaires de régulation des transports en commun.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd