Alors que le secteur éducatif congolais cherche sa voie dans l’ère numérique, une initiative originale vient de marquer les esprits à Kinshasa. Ce samedi 12 octobre, Ecobank RDC a transformé sa traditionnelle Journée Ecobank en une véritable arène d’innovation technologique. Pour cette 13ᵉ édition placée sous le thème « Permettre un apprentissage inclusif pour tous », la banque a opté pour une approche résolument tournée vers l’avenir en organisant une compétition internationale de robotique WRO (World Robot Olympiad).
Mais au-delà de l’aspect spectaculaire, quel message cette initiative envoie-t-elle sur l’état de notre système éducatif ? Comment préparer efficacement les jeunes Congolais aux défis technologiques de demain ? Ces questions résonnent particulièrement dans un pays où l’accès aux outils numériques reste encore limité pour de nombreux élèves.
La compétition a rassemblé pas moins de 11 équipes venues des écoles kinoises, toutes animées par une passion commune pour la robotique. Chaque groupe, composé de jeunes talents prometteurs, a dû relever des défis techniques complexes : planification, construction et programmation de robots capables de résoudre des problèmes humanitaires et scientifiques. Une véritable immersion dans les métiers de demain, rendue possible grâce au partenariat stratégique avec Kolesha, organisation éducative congolaise spécialisée dans la formation aux compétences numériques.
Alassane Sorgo, Directeur Général d’Ecobank RDC, souligne la vision à long terme derrière cet investissement : « Depuis trois ans, nous avons choisi de transformer l’Afrique à travers l’éducation. Cette année particulièrement, c’est la question de l’inclusion en termes d’apprentissage qui nous anime. L’organisation de ce concours robotique vise à faciliter l’apprentissage de nos enfants pour que la société de demain puisse être compétitive sur le plan mondial. »
Le concours WRO à Kinshasa a couronné l’équipe HJL TECH de l’Institut Gombe II Don Bosco, dont le projet « Ecosmart City » a particulièrement impressionné le jury. Leur création ? Une poubelle intelligente alimentée par des panneaux photosensibles, équipée d’un système de verrouillage automatique et de reconnaissance par carte. Une innovation qui démontre comment la robotique peut répondre à des enjeux environnementaux concrets.
« C’est une très grande fierté parce que la saison dernière nous étions deuxièmes. Cette année, nous sommes venus avec une seule détermination : gagner. Cette victoire n’est pas pour moi et mes coéquipiers, c’est pour notre école », confie avec émotion Muhindo Visaho Josaphat, élève en 4ème électronique industrielle.
Évodie Mukendi, représentante de Kolesha, met en lumière l’impact de ce type d’initiatives sur la formation des jeunes : « Depuis 2021, nous offrons une éducation numérique aux enfants à travers le STEM (Science, Technologie, Ingénierie et Mathématiques). Chaque année, nous organisons une compétition destinée à former les enfants congolais, leur donnant ainsi l’opportunité de représenter le pays à l’international. »
Le partenariat entre Ecobank et Kolesha illustre une tendance plus large : celle d’une collaboration nécessaire entre secteur privé et organisations éducatives pour moderniser l’apprentissage en RDC. Cette synergie permet non seulement d’offrir des opportunités concrètes aux jeunes passionnés de robotique, mais aussi de créer des ponts entre l’éducation formelle et les compétences demandées par le marché du travail.
La Journée Ecobank, depuis son lancement en 2013, a connu plusieurs mutations thématiques, passant de la santé à l’éducation financière, puis aux compétences numériques. Cette évolution reflète-t-elle une prise de conscience des défis éducatifs prioritaires en RDC ? L’orientation vers la robotique et l’intelligence artificielle pour l’édition 2025 semble indiquer une volonté d’anticiper les besoins futurs plutôt que de simplement répondre aux urgences présentes.
Alors que le concours robotique de Kinshasa ferme ses portes, une question demeure : comment pérenniser et étendre ce type d’initiatives à l’ensemble du territoire congolais ? Si les écoles de la capitale bénéficient désormais de ces opportunités, qu’en est-il des établissements des provinces, souvent moins bien équipés ? Le défi de l’apprentissage inclusif dépasse largement le cadre d’une journée annuelle et appelle à une mobilisation plus large de tous les acteurs de l’éducation en RDC.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd