La situation sanitaire à Kiwanja, dans le territoire de Rutshuru au Nord-Kivu, atteint un niveau critique qui devrait alerter l’ensemble des acteurs de la santé en République Démocratique du Congo. Face à la précarité économique grandissante, les populations locales sont contraintes d’adopter des comportements à risque, particulièrement en matière d’automédication, créant ainsi une véritable crise sanitaire dans cette région déjà fragilisée.
Comment expliquer ce recours massif à l’automédication à Kiwanja ? La réponse réside dans une équation simple mais dramatique : lorsque les familles peinent déjà à satisfaire leurs besoins alimentaires élémentaires, la santé devient malheureusement la variable d’ajustement. Les ménages, confrontés à des choix cornéliens, optent pour l’achat de quelques comprimés en pharmacie plutôt que de consulter un professionnel de santé, ignorant souvent les dangers potentiels de cette pratique.
Quels sont les risques réels de cette automédication pratiquée dans des conditions précaires ? Le danger principal réside dans le développement de résistances médicamenteuses, un phénomène qui pourrait compromettre l’efficacité des traitements pour toute la communauté. Imaginez un antibiotque mal utilisé devenant inefficace contre une infection bactérienne courante – c’est précisément ce risque qui guette les populations de Rutshuru lorsqu’elles s’auto-soignent sans supervision médicale.
La problématique de l’accès aux soins en RDC prend ici une dimension particulièrement aiguë. Les patients, par manque de moyens ou par méconnaissance, retardent leur consultation jusqu’à ce que la maladie atteigne un stade avancé, compliquant ainsi la prise en charge et augmentant les risques de complications. Cette situation crée un cercle vicieux où la pauvreté engendre des pratiques sanitaires dangereuses, qui à leur tour aggravent la précarité des familles confrontées à des frais médicaux plus élevés.
Que faire face à cette crise sanitaire au Nord-Kivu ? La solution passe nécessairement par une intervention coordonnée des autorités sanitaires et des partenaires techniques. Il devient urgent de mettre en place des mécanismes facilitant l’accès aux soins pour les populations vulnérables, tout en menant des campagnes de sensibilisation sur les dangers de l’automédication. La prévention et l’éducation sanitaire représentent des investissements cruciaux pour enrayer cette spirale négative.
La santé publique à Rutshuru mérite une attention particulière, d’autant plus que cette région cumule les défis : insécurité persistante, précarité économique, et maintenant cette pratique risquée de l’automédication. Les professionnels de santé locaux, comme Samuel Maombi, infirmier titulaire adjoint du centre de santé de référence de Kiwanja, lancent un cri d’alarme qui doit être entendu au plus haut niveau.
Quelles solutions concrètes peuvent être envisagées ? La mise en place de consultations à coût réduit, le renforcement des centres de santé communautaires, et le développement de mutuelles de santé adaptées au contexte local constituent des pistes prometteuses. Parallèlement, des campagnes d’information sur le bon usage des médicaments et l’importance du suivi médical pourraient prévenir de nombreuses complications.
La situation à Kiwanja nous rappelle une vérité fondamentale : l’accès aux soins de santé n’est pas un luxe, mais un droit fondamental. Lorsque ce droit est compromis, ce sont les bases mêmes du développement communautaire qui sont ébranlées. La réponse à apporter doit donc être globale, intégrant les dimensions économique, sociale et sanitaire pour offrir des solutions durables aux populations du Nord-Kivu.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
