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Lualaba : la colère gronde après les démolitions forcées à Kamikungwa

Les cris de détresse résonnent encore dans ce qui fut le village Kamikungwa. Où se dressaient autrefois des maisons familiales, ne subsistent aujourd’hui que des amas de terre et de débris. « Ils sont venus avec des bulldozers alors que nous n’avions nulle part où aller », témoigne Mukuna, père de cinq enfants, la voix étranglée par l’émotion. Comme des dizaines d’autres familles du groupement Kazembe, dans le territoire de Mutshatsha, il a vu son habitation réduite en poussière pour permettre l’extension de la piste de l’aéroport de Kolwezi.

La scène rappelle tragiquement ces opérations d’expulsions forcées qui ont trop souvent marqué l’histoire foncière de la RDC. Comment des familles entières peuvent-elles se retrouver du jour au lendemain sans toit, sans compensation digne de ce nom, sans alternative viable ? La question hante les esprits dans cette région du Lualaba où la colère gronde face à ce qui ressemble à un mépris total des procédures légales.

Dix organisations de la société civile du Lualaba ont élevé la voix, jeudi 9 octobre 2025, pour dénoncer avec vigueur ces démolitions de maisons à Kamikungwa. Leur constat est sans appel : le gouvernement provincial a bafoué la loi n°77-001 du 22 février 1977 sur l’expropriation pour cause d’utilité publique. « Nul ne peut être privé de sa propriété que pour cause d’utilité publique et moyennant une juste et préalable indemnité », rappellent-elles avec insistance.

Le gouvernement provincial du Lualaba justifie ces opérations de démolition par la nécessité de développer les infrastructures aéroportuaires de Kolwezi. Mais à quel prix humain ? Les habitants évincés affirment avoir reçu chacun 1 000 dollars américains – une somme dérisoire face à la réalité du marché foncier et immobilier local. « Avec 1 000 dollars, comment reconstruire une maison digne de ce nom ? Comment assurer l’avenir de nos enfants ? », s’interroge amèrement une mère de famille rencontrée sur les lieux du drame.

Le nouveau site proposé par les autorités provinciales pour le relogement des expulsés semble relever du mirage. Pas de routes praticables, pas d’écoles, pas de marché – des conditions de vie qui remettent en cause le principe même de réinstallation décente. Comment des familles peuvent-elles se projeter dans l’avenir dans un environnement dépourvu des infrastructures les plus élémentaires ?

La situation à Kamikungwa pose des questions fondamentales sur les droits fonciers en RDC. Jusqu’où peut aller le pouvoir provincial au nom du développement ? Quel équilibre trouver entre les impératifs d’infrastructures et le respect des droits humains les plus fondamentaux ? La société civile du Lualaba alerte sur un précédent dangereux qui pourrait encourager d’autres violations des droits fonciers dans la région.

Les organisations de défense des droits humains exigent l’arrêt immédiat des démolitions, l’ouverture d’un dialogue franc avec les communautés affectées et le strict respect des lois en matière d’expropriation. Elles appellent également les autorités nationales à se saisir de ce dossier brûlant, soulignant l’urgence d’une intervention pour éviter l’escalade des tensions sociales.

Cette affaire dépasse le simple cadre local des démolitions de maisons au Lualaba. Elle interroge notre modèle de développement et notre conception de la justice sociale. Comment construire l’avenir de la RDC sur les ruines des droits de ses citoyens ? Les expulsions forcées à Kamikungwa sonnent comme un avertissement : le développement ne peut se faire au mépris des populations qu’il est censé servir.

Alors que le soleil se couche sur les décombres de Kamikungwa, des familles errent encore, cherchant désespérément un abri pour la nuit. Leur calvaire rappelle douloureusement que derrière les grands projets d’infrastructures se cachent souvent des drames humains que les bilans économiques ne sauraient compenser. La balle est désormais dans le camp des autorités qui devront répondre de leurs actes devant l’Histoire et devant un peuple qui aspire légitimement au respect de ses droits les plus élémentaires.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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