Dans le paysage éducatif du Tanganyika, une véritable révolution silencieuse est en marche. La construction d’écoles à Okoko, localité située à 16 kilomètres au nord de Kalemie, a complètement transformé l’accès à l’enseignement dans cette zone longtemps marginalisée. Comment une simple initiative d’infrastructures scolaires peut-elle bouleverser à ce point le destin éducatif d’une communauté ?
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’effectif scolaire est passé de seulement 100 élèves à plus de 600 en l’espace de quelques mois. Cette progression spectaculaire interpelle et démontre l’impact concret des investissements dans les infrastructures éducatives. Mais cette augmentation fulgurante des inscriptions suffit-elle à garantir une éducation de qualité ?
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en RDC a été le principal artisan de cette métamorphose éducative. Dans le cadre de son projet de promotion des solutions durables pour les populations affectées par les déplacements, l’OIM RDC éducation a orchestré une intervention multidimensionnelle. Destin Nsenga, représentant de l’organisation, explique que « ces actions ont permis de rapprocher physiquement les élèves de leur école et de réduire significativement la déperdition scolaire ».
Le programme ne s’est pas limité à la simple construction de salles de classe. Il a intégré une vision holistique de l’éducation, avec l’installation d’une cantine scolaire en collaboration avec le Programme alimentaire mondial et la création de jardins scolaires soutenus par l’UNICEF. Ces composantes complémentaires répondent-elles aux véritables besoins des élèves de cette région ?
Oscar Kyungu, directeur de l’école d’Okoko, témoigne de cette transformation : « Le soutien des agences onusiennes a permis une nette amélioration du taux de scolarisation dans notre localité. Nous observons un engouement remarquable des parents pour l’éducation de leurs enfants ».
Pourtant, derrière ce succès quantitatif se cachent des défis persistants. Le directeur Kyungu lance un appel pressant : « L’État doit mécaniser notre école et prendre en charge les enseignants, qui restent majoritairement non payés ». Cette situation soulève une question fondamentale : les infrastructures scolaires à Kalemie peuvent-elles véritablement prospérer sans un engagement soutenu de l’État congolais ?
La scolarisation en RDC, particulièrement dans les zones rurales comme le Tanganyika, reste confrontée à des obstacles structurels majeurs. Les infrastructures scolaires à Kalemie et ses environs représentent certes un progrès significatif, mais elles ne sauraient constituer une solution complète sans une prise en charge adéquate du personnel enseignant.
L’initiative d’Okoko illustre parfaitement l’importance des partenariats stratégiques dans le secteur éducatif congolais. La synergie entre l’OIM, le PAM et l’UNICEF démontre que des solutions intégrées peuvent produire des résultats tangibles. Mais jusqu’où peut-on compter sur les organisations internationales pour assurer l’éducation de base en RDC ?
Cette expérience réussie dans la construction d’écoles à Okoko ouvre des perspectives encourageantes pour d’autres régions confrontées à des défis similaires. Elle prouve que des investissements ciblés dans les infrastructures éducatives peuvent catalyser des changements profonds dans les communautés marginalisées.
Alors que le Tanganyika continue de se relever des conséquences des déplacements et conflits passés, l’éducation apparaît plus que jamais comme un pilier essentiel du développement durable. La construction d’écoles à Okoko n’est pas qu’une simple question de briques et de mortier – c’est un investissement dans l’avenir de toute une génération.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net