Dans le cadre stratégique du Global Gateway à Bruxelles, la République Démocratique du Congo franchit une étape décisive dans son ambition énergétique. Le Président Félix Tshisekedi a obtenu jeudi un engagement financier majeur de la Banque mondiale pour le projet Inga 3, avec un premier décaissement de 250 millions de dollars américains.
Ce financement, approuvé par le Conseil d’administration de l’institution financière internationale, représente la phase initiale d’un programme global d’un milliard de dollars dédié au développement hydroélectrique Congo. Une manne financière qui intervient dans un contexte où seulement 21% de la population congolaise bénéficie actuellement d’un accès à l’électricité, selon les données officielles.
« Cette décision constitue un signal fort de confiance envers le peuple congolais et envers notre vision d’un développement énergétique durable, inclusif et à fort impact régional », a déclaré le Chef de l’État lors de son entretien avec Ajay Banga, président du Groupe de la Banque mondiale RDC. Le projet Grand Inga symbolise l’ambition de la RDC de se positionner comme un pôle énergétique africain majeur, capable de répondre à ses besoins nationaux tout en exportant une énergie propre vers les pays voisins.
L’approche par étapes adoptée par la Banque mondiale garantit la viabilité technique, environnementale et sociale du méga-projet, tout en plaçant les populations locales au cœur de la première phase. Comment cette stratégie progressive permettra-t-elle d’éviter les écueils des projets d’infrastructure de cette envergure en Afrique ? La réponse réside dans la gouvernance transparente et responsable que le gouvernement congolais s’engage à mettre en place.
Le financement énergie RDC s’accompagne d’exigences strictes en matière de coordination institutionnelle entre le ministère de l’Énergie, la SNEL et l’Agence pour le développement d’Inga. Cette structuration vise à créer un environnement attractif pour les partenariats publics-privés, dans le respect des standards internationaux. Une condition essentielle pour attirer les investisseurs privés dans un secteur qui nécessite des capitaux colossaux.
Au-delà de la simple production d’électricité, Félix Tshisekedi présente Inga 3 comme « un catalyseur de transformation nationale » capable de générer des milliers d’emplois directs et indirects. Le projet devrait également améliorer les infrastructures locales dans les zones riveraines, avec des retombées concrètes en matière d’éducation, de santé et de connectivité routière.
La finalisation du projet Inga 3 permettrait de renforcer significativement les chaînes de valeur industrielles, particulièrement dans les secteurs minier, agricole et manufacturier. L’accès fiable et durable à l’énergie représente le moteur essentiel pour diversifier une économie encore trop dépendante des matières premières. Avec un objectif ambitieux : porter le taux d’accès à l’électricité de 21% à 62% de la population d’ici 2030.
La réussite de ce programme repose sur une coordination renforcée entre les bailleurs et les institutions régionales. La RDC compte sur la Banque mondiale pour faciliter la mobilisation de partenaires techniques et financiers autour d’une feuille de route commune, appuyer la planification intégrée du réseau électrique national et régional, et soutenir la transition énergétique africaine.
Le timing de cet engagement financier s’inscrit parfaitement dans l’initiative Mission 300 à l’échelle africaine et s’aligne avec les priorités du Global Gateway. Le développement hydroélectrique Congo représente ainsi une pièce maîtresse dans la stratégie énergétique continentale, capable de fournir une énergie compétitive et propre à plusieurs pays de la région.
Selon les analyses de la Banque mondiale, le programme de développement d’Inga 3 accélérera le rythme des changements institutionnels et fournira la capacité de production d’énergie indispensable au soutien des progrès énergétiques du pays au-delà de 2030. Un investissement qui dépasse largement le cadre énergétique pour s’inscrire dans une vision de développement économique global.
La question qui se pose maintenant : comment garantir que ces investissements massifs se traduiront par des bénéfices tangibles pour la population congolaise ? La réponse semble résider dans l’approche inclusive prônée par les autorités, qui place le développement communautaire et la formation professionnelle au cœur de la stratégie de mise en œuvre.
Ce partenariat structurant entre la RDC et la Banque mondiale, fondé sur la confiance et la durabilité, pourrait marquer un tournant décisif dans l’histoire économique du pays. Reste à transformer cette vision ambitieuse en réalités concrètes, dans un secteur où les défis techniques, financiers et sociaux restent considérables.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd