Les terres craquelées du groupement Basongora étendent leurs cicatrices brunes à perte de vue, paysage lunaire où se meurent les cultures vivrières. Cette sécheresse prolongée au Nord-Kivu frappe comme un coup de massue sur une région déjà vulnérable, transformant les champs fertiles en déserts agricoles. Comment une telle catastrophe a-t-elle pu s’installer dans cette zone pourtant réputée pour sa richesse écologique ?
Le haricot, pilier alimentaire et économique de Kasindi, s’effondre sous l’implacable soleil. Barthélémy Kambale Sivavuhirwa, délégué du gouverneur, parle de « calamité » avec une gravité qui glace le sang. Entre octobre et décembre 2025, la pénurie alimentaire pourrait atteindre des niveaux critiques, plongeant des milliers de familles dans l’angoisse quotidienne. Cette crise agricole en RDC n’est pas un simple accident climatique, mais le symptôme d’un déséquilibre plus profond.
La déforestation autour de Kasindi a ouvert la porte à ce drame environnemental. Les arbres, ces régulateurs naturels du cycle hydrique, ont massivement disparu, laissant les écosystèmes locaux en état de choc. Sans ce couvert végétal protecteur, les pluies se font rares, irrégulières, incapables de nourrir des sols assoiffés. Le changement climatique au Congo n’est plus une abstraction lointaine, mais une réalité qui affame les populations.
Face à cette urgence, le Fonds forestier national et le service de l’environnement de Kasindi-Lubiriha tentent de réagir. Des pépinières voient le jour, symboles d’espoir contre la déforestation Kasindi. Mais ces projets de reforestation, aussi nobles soient-ils, arriveront-ils à temps pour sauver la prochaine récolte ? La course contre la montre est engagée, et chaque jour sans pluie creuse un peu plus le fossé de l’insécurité alimentaire à Beni.
La situation devient d’autant plus critique que les déplacés fuyant les conflits armés viennent grossir les rangs des bouches à nourrir. Cette double peine – insécurité militaire et crise environnementale – pousse les communautés dans leurs derniers retranchements. L’accès à l’eau potable se raréfie, les infrastructures de base montrent leurs limites, et la résilience des populations s’effrite comme la terre sous leurs pieds.
Cette sécheresse Nord-Kivu nous interroge sur notre rapport à la nature congolaise. Avons-nous trop présumé de la générosité de nos écosystèmes ? La forêt en détresse nous envoie un message clair : l’équilibre climatique régional tremble sur ses bases. Si des mesures urgentes ne sont pas prises, c’est toute la sécurité alimentaire de la région qui risque de s’effondrer, créant une crise humanitaire aux proportions inimaginables.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net
