Des combats d’une intensité rare ont une nouvelle fois ensanglanté le Nord-Kivu, opposant les rebelles du M23 aux Forces armées de la RDC dans les territoires de Rutshuru et Masisi. Pendant près de deux semaines, du 28 septembre au 8 octobre 2025, les populations civiles ont vécu l’enfer dans les chefferies de Bwito et Bahunde.
Le bilan humain est lourd selon les informations recueillies auprès de la société civile locale. Au moins quatre personnes ont perdu la vie dans ces violents affrontements entre FARDC et M23. Treize autres individus sont portés disparus dans des circonstances troubles, alimentant l’angoisse de leurs proches. Huit femmes ont subi des violences sexuelles, ajoutant une dimension particulièrement odieuse à ce conflit déjà meurtrier.
Les dégâts matériels s’annoncent considérables. Plusieurs dizaines d’habitations ont été réduites en cendres, privant des familles entières de leur toit. L’école primaire de Nyabiteja, située dans le groupement Kihondo, a été incendiée, compromettant l’éducation des enfants de la région. Le centre de santé de Muliki a été systématiquement pillé, privant la communauté d’accès aux soins médicaux essentiels. Une vingtaine de bovins ont également été volés, affectant directement les moyens de subsistance des populations rurales.
Quelles zones ont été les plus touchées par ces combats M23-FARDC ? Les groupements de Bukombo, Tongo, Bambo, Mutanda et Kihondo en chefferie de Bwito figurent parmi les plus affectés. En chefferie des Bahunde, c’est le groupement Ufamandu 1er qui a payé le plus lourd tribut. La société civile locale dénonce avec amertume l’impact disproportionné de ces affrontements sur les civils sans défense.
La situation sécuritaire demeure extrêmement volatile dans cette région du Nord-Kivu. Les attaques se poursuivent, opposant principalement les rebelles du M23 – parfois appuyés par l’armée rwandaise selon plusieurs sources – aux combattants Wazalendo. Cette instabilité chronique provoque un flux massif de déplacés fuyant les zones de combats. Des villages comme Bambo, Kabizo, Butare et la cité de Ngungu voient arriver des centaines de familles cherchant désespérément un havre de paix.
Comment expliquer la persistance de cette crise sécuritaire au Nord-Kivu malgré les opérations militaires en cours ? La société civile locale pointe du doigt les représailles attribuées au M23 contre les populations civiles. Les appels au respect des droits humains et à la protection des civils se multiplient, mais semblent rester lettre morte face à l’escalade de la violence.
Ce nouveau cycle de violences dans les territoires de Rutshuru et Masisi témoigne de l’enracinement profond de la crise sécuritaire qui mine le Nord-Kivu depuis des années. Les déplacés de guerre continuent de grossir les rangs des personnes démunies, tandis que les infrastructures essentielles – écoles, centres de santé – sont méthodiquement détruites. Jusqu’où iront ces combats entre FARDC et M23 ? La communauté internationale restera-t-elle spectatrice de cette tragédie humaine qui se joue dans l’est de la RDC ?
Les victimes du conflit Nord-Kivu attendent des réponses concrètes et une protection effective. La situation humanitaire se détériore jour après jour, alors que les besoins en aide d’urgence ne cessent de croître. Les déplacés de guerre errent à la recherche de sécurité, tandis que les combats continuent de faire des ravages dans cette région meurtrie.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
