Les paysans du Nord-Kivu vivent un cauchemar climatique qui menace leur survie même. Quand le ciel se déchaîne, c’est toute une région agricole qui tremble. Les pluies diluviennes transforment les champs en véritables marécages, emportant avec elles le précieux humus et les espoirs de récolte. Mais l’absence de pluie n’est pas moins redoutable, particulièrement dans ces montagnes où l’irrigation demeure un luxe inaccessible.
Comment ces agriculteurs peuvent-ils survivre quand les saisons perdent leur rythme ancestral ? La réponse se trouve dans l’urgence d’une adaptation radicale. Plus de 60% de la population de cette province dépend d’une agriculture fragile, vulnérable au moindre caprice des éléments. Cette dépendance au ciel devient chaque jour plus périlleuse face aux changement climatique RDC qui bouleverse les équilibres naturels.
Les données scientifiques sont sans appel : la quantité annuelle de pluie évolue peu, mais son intensité augmente dangereusement. Des épisodes extrêmes – grêle, orages violents – frappent plus fréquemment, parfois en pleine période censée être sèche. Cette météo instable favorise l’apparition de maladies comme le mildiou ou certaines attaques fongiques, fragilisant encore davantage les rendements déjà précaires.
Le paradoxe est cruel : l’eau n’est pas absente dans cette région. Rivières, ruisseaux et nappes souterraines abondent. Le véritable défi réside dans notre incapacité à capter et gérer cette ressource vitale. L’agriculture Nord-Kivu se trouve ainsi prise en étau entre l’excès et la pénurie d’eau, deux faces d’une même médaille climatique.
Face à cette urgence, la riposte s’organise. Paysans, ONG, centres de recherche et autorités multiplient les efforts pour développer des variétés capables de résister aux chocs climatiques. L’agroforesterie, l’agroécologie et les semences adaptées émergent comme autant de solutions prometteuses. Mais suffiront-elles à contrer la violence des pluies irrégulières qui s’abattent sur la région ?
Les experts sonnent l’alarme : sans stations climatologiques performantes et sans calendrier agricole fiable, toute tentative d’adaptation agricole risque de rester vaine. Les données montrent une hausse moyenne de 1,8°C en 50 ans et des perturbations accrues pendant les petites saisons de pluie. Si les émissions de gaz à effet de serre se poursuivent, même la petite agriculture – colonne vertébrale de l’économie locale – pourrait disparaître.
La technologie offre pourtant des lueurs d’espoir. L’imagerie satellitaire, la cartographie des sols et les outils numériques pourraient révolutionner les pratiques ancestrales. Mais ces innovations restent inaccessibles pour la majorité des paysans qui continuent de cultiver « au rythme du ciel », prisonniers d’un système qui les dépasse.
La sécurité alimentaire de toute une région est en jeu. Quand les récoltes faiblissent, ce sont des communautés entières qui basculent dans la précarité. Les solutions existent pourtant : planifier, irriguer et diversifier. Passer d’une agriculture de survie à un système capable d’anticiper et de s’adapter représente le seul horizon possible.
Les forêts en détresse et les sols épuisés crient leur souffrance. Les paysans du Nord-Kivu, premiers témoins de cette tragédie climatique, appellent à une prise de conscience collective. Leur combat pour l’adaptation est celui de toute une nation face aux défis environnementaux du siècle. Reste à savoir si leur voix sera entendue à temps.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Actualite.cd