L’Union pour la défense des droits des consommateurs au Congo (UDECOM) a déclenché une alerte majeure concernant des pratiques commerciales jugées abusives qui érodent significativement le pouvoir d’achat des Congolais. Malgré une stabilisation notable du taux de change officiel autour de 2 670 FC pour un dollar américain, plusieurs secteurs économiques persistent dans l’application de taux supérieurs, créant ainsi une surtaxation déguisée qui pèse lourdement sur les ménages.
Dans le secteur des télécommunications en RDC, des opérateurs maintiennent des taux allant jusqu’à 2 900 FC, selon les révélations de l’UDECOM. Cette divergence représente un écart de près de 9% par rapport au cours officiel, générant des surcoûts considérables pour les consommateurs congolais. Comment expliquer cette résistance à l’alignement sur les indicateurs économiques officiels, alors que la stabilité monétaire semblait acquise ?
L’analyse des pratiques commerciales dans le commerce de détail révèle des disparités tout aussi préoccupantes. Les commerçants appliquent généralement des taux supérieurs à 2 800 FC, amplifiant l’écart avec la réalité du marché des changes. Cette situation crée un décalage structurel entre les fondamentaux économiques et les prix à la consommation, compromettant les efforts de régulation entrepris par les autorités.
Les exemples concrets cités par l’UDECOM illustrent l’ampleur du phénomène. Canal+ facture ses abonnements sur la base d’un dollar à 2 850 FC, tandis que le secteur bancaire présente des taux variables selon les établissements : Equity (2 625 FC), Ecobank (2 600 FC) et Rawbank (2 670 FC). Ces disparités interrogent sur l’efficacité des mécanismes de régulation et de contrôle des prix dans le pays.
Le marché informel, particulièrement dans des zones comme Tshangu, affiche des taux plus proches de la réalité économique, avec des transactions comprises entre 2 500 et 2 550 FC. Cette divergence entre secteur formel et informel soulève des questions fondamentales sur la transmission des signaux économiques dans l’économie congolaise.
Le secteur des hydrocarbures et l’industrie alimentaire ne sont pas en reste. Les carburants maintiennent des prix élevés malgré l’évolution favorable du taux de change, tandis que le prix du pain a connu une augmentation de 100%, passant de 200 à 400 FC sans justification apparente sur le grammage. Ces hausses inexpliquées contribuent à l’érosion continue du pouvoir d’achat des Congolais.
L’UDECOM souligne le caractère systémique de ces pratiques abusives qui menacent directement la stabilité sociale et économique du pays. L’organisation dirigée par Me Chief Tshipamba met en garde contre l’annulation des efforts de régulation de l’État et l’appauvrissement accéléré des ménages. La correspondance du 30 septembre 2025, signée par le secrétaire général Jean-René Kibau Mufweyé, appelle à une intervention urgente des autorités.
Face à cette situation préoccupante, l’UDECOM formule des recommandations précises : l’imposition du respect strict du taux officiel aux télécoms, banques et commerçants, la garantie de transparence des prix des biens de consommation, et le renforcement de la surveillance contre les abus spéculatifs. Ces mesures visent à rétablir la justice économique et protéger le pouvoir d’achat des citoyens congolais.
La dénonciation de l’UDECOM intervient dans un contexte où la stabilisation du taux de change devait normalement bénéficier aux consommateurs. Pourtant, la persistance de pratiques commerciales abusives remet en cause cet équilibre et interroge sur l’efficacité des mécanismes de régulation du marché. La réponse des autorités congolaises à ces alertes sera déterminante pour l’avenir économique et social du pays.
Article Ecrit par Amissi G
Source: mediacongo.net