Dans le village reculé de Bingi, à 93 kilomètres de Butembo au Nord-Kivu, près de quatre cents enfants voient leur droit fondamental à l’éducation compromis par les conséquences dramatiques des conflits armés. L’école primaire Kitaviro, autrefois un lieu d’apprentissage dynamique, n’est plus que l’ombre d’elle-même après avoir été frappée de plein fouet par les affrontements entre les FARDC et le groupe M23.
Comment peut-on imaginer étudier sereinement lorsque six salles de classe ont été réduites en poussière par des bombardements ? La situation que vivent ces élèves est tout simplement alarmante. Les murs effondrés, les toits disparus et les débris éparpillés témoignent de la violence des combats qui ont secoué cette région du territoire de Lubero.
Aujourd’hui, ces centaines d’élèves doivent se contenter d’une solution temporaire précaire : ils sont accueillis dans une école voisine uniquement l’après-midi. Cette organisation bancale perturbe considérablement le déroulement des cours et affecte inévitablement la qualité de l’enseignement. Les enfants se retrouvent contraints de suivre leurs leçons dans des conditions d’entassement, sans matériel adapté et avec un temps d’apprentissage réduit.
Le directeur de l’établissement, Kambale Mirevo, ne cache pas son inquiétude. « Nous faisons face à une situation critique qui met en péril l’avenir de toute une génération », alerte-t-il. Son appel lancé aux autorités et aux organisations humanitaires résonne comme une ultime tentative pour sauver ce qui peut encore l’être. La reconstruction de l’école Kitaviro doit devenir une priorité absolue.
Mais au-delà des murs à reconstruire, c’est toute la problématique de l’éducation en zones de conflit qui se pose. Les différents affrontements entre groupes armés dans le territoire de Lubero ont déjà provoqué le déplacement de nombreux habitants, créant une instabilité permanente qui rend difficile tout projet éducatif durable. Comment assurer la continuité pédagogique lorsque les populations sont constamment en mouvement ?
La destruction des écoles comme Kitaviro à Bingi n’est malheureusement pas un cas isolé dans cette région du Nord-Kivu. Elle s’inscrit dans une tendance plus large où les infrastructures éducatives deviennent des victimes collatérales des conflits. Pourtant, chaque classe détruite représente des centaines d’enfants privés de leur avenir, une génération entière dont le potentiel risque d’être anéanti.
La reconstruction des écoles Lubero et particulièrement de l’école Kitaviro Bingi apparaît donc comme un enjeu crucial. Il ne s’agit pas seulement de rebâtir des murs, mais de redonner à ces enfants une chance de construire leur avenir. Dans un contexte où les conditions d’étude des élèves de Butembo et ses environs se dégradent inexorablement, chaque jour perdu dans la reconstruction équivaut à voler leur droit à l’éducation.
Les affrontements FARDC M23 continuent de laisser des traces indélébiles sur le secteur éducatif. Si aucune mesure urgente n’est prise, c’est toute une région qui risque de sombrer dans l’analphabétisme et la précarité intellectuelle. La communauté internationale et les autorités congolaises parviendront-elles à se mobiliser pour offrir à ces enfants l’éducation qu’ils méritent ? La réponse à cette question déterminera l’avenir de toute une génération.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net