« À 24 ans, je refuse d’être réduite au statut de victime ou de spectatrice des conflits qui déchirent notre pays. » La voix ferme de Chantal, étudiante en droit à l’Université de Kinshasa, résonne dans la salle de conférence. Comme des centaines d’autres jeunes Congolais, elle participe à ce dialogue intergénérationnel pour la paix organisé ce 1er octobre dans la capitale. Une initiative qui pourrait bien marquer un tournant dans l’approche de la sécurité en République Démocratique du Congo.
Mais pourquoi ce dialogue arrive-t-il à un moment si crucial pour l’avenir du pays ? La réponse se trouve peut-être dans les chiffres alarmants : près de 65% de la population congolaise a moins de 25 ans, pourtant leur voix reste souvent marginalisée dans les espaces décisionnels concernant la paix et la sécurité.
Le ministre de la Jeunesse et de l’Éveil patriotique, Yves Bunkulu, ne dit pas autre chose : « Nous ne pouvons plus nous permettre d’exclure la majorité de notre population des discussions sur l’avenir de notre nation. La résolution 2250 du Conseil de sécurité nous rappelle justement l’impérieuse nécessité d’impliquer les jeunes dans la prévention des conflits. »
Dans la salle, les visages se mélangent : cheveux blancs côtoient tresses adolescentes, costumes traditionnels dialoguent avec tenues modernes. Cette diversité générationnelle illustre parfaitement l’objectif de cette rencontre : créer des ponts entre l’expérience des anciens et l’énergie innovante des jeunes.
« Mon grand-père a connu la colonisation, mon père a vécu les guerres, moi je veux connaître la paix », lance un jeune participant du Kivu. Cette simple phrase résume à elle seule l’enjeu de ce dialogue intergénérationnel pour la paix. Comment transformer l’héritage douloureux du passé en force constructive pour l’avenir ?
L’initiative, soutenue par ONU Femmes Congo et plusieurs organisations nationales, s’inscrit dans la mise en œuvre des agendas « Femmes, paix et sécurité » et « Jeunes, paix et sécurité ». Une approche holistique qui reconnaît que la paix durable en RDC ne pourra émerger sans l’inclusion de tous les segments de la société.
« Les femmes et les jeunes ne sont pas seulement des victimes des conflits, ils en sont aussi les premiers artisans de paix dans leurs communautés », souligne une représentante d’ONU Femmes. Pourtant, leur expertise locale reste largement sous-utilisée dans les processus formels de paix.
Au-delà des discours protocolaires, les ateliers pratiques ont permis de faire émerger des propositions concrètes. Les jeunes participants ont notamment plaidé pour : la création de conseils consultatifs jeunesse dans les instances de sécurité, l’intégration de l’éducation à la paix dans les programmes scolaires, et un meilleur accès aux opportunités économiques pour réduire la vulnérabilité des jeunes face au recrutement par les groupes armés.
« Comment voulez-vous que nous résistions aux sirènes de la violence quand le chômage nous guette à chaque coin de rue ? », interroge un jeune diplômé de Goma. Cette question souligne le lien indéniable entre sécurité économique et sécurité nationale.
Le dialogue a également mis en lumière les défis spécifiques auxquels font face les jeunes femmes. « Nous devons lutter sur deux fronts : contre l’insécurité dans notre pays et contre les discriminations dans notre propre communauté », témoigne une jeune leader du Kongo Central.
La route vers une paix durable en RDC reste semée d’embûches, mais ce dialogue intergénérationnel à Kinshasa représente une lueur d’espoir significative. Il démontre qu’une nouvelle génération de Congolais est prête à prendre sa place dans la construction nationale, armée non pas de violence, mais de dialogue et d’engagement citoyen.
Alors que la semaine de discussions se poursuit, une question essentielle demeure : ces échanges aboutiront-ils à des actions concrètes ou resteront-ils lettre morte comme tant d’autres initiatives ? La réponse dépendra de la capacité des autorités à véritablement intégrer les recommandations des jeunes dans les politiques de sécurité nationale.
Ce qui est certain, c’est que la jeunesse congolaise a désormais trouvé une plateforme pour faire entendre sa voix. Reste à savoir si les décideurs sauront écouter ce message porteur d’espoir pour l’avenir de la RDC. La participation politique des jeunes n’est plus une option, mais une nécessité pour construire une paix qui résiste à l’épreuve du temps.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: https://7sur7.cd/?utm_source=chatgpt.com