La Haute Cour Militaire de Kinshasa a rendu ce jeudi un verdict historique qui marquera durablement la scène politique congolaise. L’ancien président Joseph Kabila a été condamné par contumace à la peine capitale pour « trahison » et « crimes de guerre », une décision sans précédent dans les annales judiciaires de la République Démocratique du Congo.
La sentence, prononcée en l’absence de l’intéressé, s’accompagne d’un mandat d’arrêt immédiat et d’une amende record de trente milliards de dollars américains destinée à la réparation des préjudices causés à la nation. Comment la justice militaire en est-elle arrivée à une telle extrémité contre un ancien chef de l’État ? La réponse réside dans l’accumulation de charges retenues contre l’ex-président, principalement centrées sur son implication présumée avec le groupe armé M23.
La chambre militaire, présidée par le général de division Justin Lwamba, a estimé avoir recueilli des preuves suffisantes établissant la complicité de Joseph Kabila avec ce mouvement rebelle soutenu par le Rwanda. Les juges ont particulièrement souligné la réapparition controversée de l’ancien président à Goma en mai dernier, alors que la ville était sous contrôle du M23, un élément qui aurait pesé lourd dans la décision finale.
Paradoxalement, la Haute Cour s’est déclarée incompétente pour se prononcer sur la question épineuse de la nationalité congolaise de l’ancien dirigeant, un aspect qui avait pourtant alimenté de vifs débats durant les audiences. Cette dissociation entre le verdict et la question nationale laisse planer un certain flou juridique sur la portée réelle de la condamnation.
La procédure ayant conduit à ce verdict exceptionnel fut tout aussi remarquable. Elle a nécessité au préalable la levée controversée de l’immunité parlementaire dont bénéficiait Joseph Kabila en sa qualité de sénateur à vie. Cette décision préliminaire, vivement contestée par ses partisans, avait ouvert la voie au procès proprement dit, créant ainsi une jurisprudence inédite dans le paysage institutionnel congolais.
La réaction du Front Commun pour le Congo (FCC) ne s’est pas fait attendre. Raymond Tshibanda, président de la Cellule de crise de la coalition, a dénoncé avec véhémence ce qu’il qualifie de « procédure illégale de bout en bout ». Dans un communiqué cinglant daté du 30 septembre 2025, il a affirmé que cette condamnation ne visait pas seulement un homme mais portait atteinte à l’État de droit et aux conquêtes démocratiques obtenues par le peuple congolais.
Sur le plan pratique, la peine de mort prononcée contre l’ancien président reste pour l’instant théorique. Bien que le moratoire sur les exécutions capitales ait été levé en 2024, aucune application n’a encore été enregistrée depuis cette date. La question se pose donc : cette condamnation marque-t-elle véritablement la fin judiciaire de l’affaire Kabila ou ouvre-t-elle au contraire un nouveau chapitre d’instabilité politique ?
Les observateurs politiques s’interrogent sur les conséquences à moyen terme de ce verdict explosif. Certains redoutent un durcissement des positions entre la majorité présidentielle et l’opposition kabiliste, tandis que d’autres y voient un signal fort envoyé à tous les anciens dirigeants tentés par des pratiques similaires.
La condamnation de Joseph Kabila par la Haute Cour Militaire représente indéniablement un tournant dans l’histoire judiciaire et politique de la RDC. Elle établit un précédent qui pourrait influencer durablement les rapports entre pouvoir judiciaire et anciens détenteurs du pouvoir exécutif. Les prochains jours révéleront l’impact réel de cette décision sur l’équilibre des forces politiques au Congo et sur la stabilité de la région dans son ensemble.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net