L’économie congolaise démontre une robustesse inattendue dans un contexte international volatile, selon les déclarations du ministre des Finances Doudou Fwamba Likunde sur les ondes de Top Congo. Cette résilience macroéconomique soulève cependant une question cruciale : comment transformer cette performance en amélioration tangible du quotidien des populations ? Le gouvernement semble avoir trouvé la réponse dans une stratégie multidimensionnelle combinant discipline budgétaire et investissements ciblés.
La réduction du train de vie des institutions constitue l’un des piliers de cette approche, ayant permis de réorienter 52 milliards de francs congolais (environ 15 millions USD) vers le financement de projets structurants. Cette réallocation illustre la nouvelle philosophie budgétaire : chaque économie réalisée doit se traduire en investissements productifs. La réhabilitation de 400 kilomètres de voirie urbaine à Kinshasa et la modernisation des routes nationales RN4, RN50 et RN26 représentent des chantiers prioritaires pour désenclaver les territoires et fluidifier les échanges commerciaux.
Le ministre a détaillé les réformes structurelles engagées pour consolider les finances publiques. La facture normalisée émerge comme un outil révolutionnaire de transparence et de traçabilité, permettant une collecte numérique efficiente des taxes et redevances. Parallelèlement, la réforme du secteur des jeux de hasard, déjà adoptée en Conseil des ministres, promet des recettes potentielles de 1,7 milliard USD grâce à un régime fiscal modernisé et l’identification numérique des parieurs. Ces innovations technocratiques s’inscrivent dans une vision à long terme de modernisation de l’administration fiscale.
Le plan de trésorerie (PTR) constitue un autre levier essentiel de cette politique économique rigoureuse. En maintenant le déficit à 1,6% du PIB, le gouvernement démontre sa capacité à concilier relance économique et discipline budgétaire. Cette approche contrôlée contraste avec la situation héritée de juin 2024, marquée par un taux de change à 2 847 FC pour un dollar, une inflation galopante à 23,8% et une dépréciation monétaire de 24%. Les déséquilibres des finances publiques, exacerbés par les chocs extérieurs (conflits en Ukraine et au Moyen-Orient, insécurité dans l’Est), ont nécessité une réponse économique audacieuse.
La politique économique de la demande adoptée par le gouvernement combine investissements publics accrus et allègements fiscaux stratégiques. La baisse des droits de douane sur les produits de première nécessité vise directement à soulager le pouvoir d’achat des ménages, tandis que la coordination renforcée avec la Banque centrale cherche à stabiliser la monnaie nationale. Cette synergie entre politique budgétaire et monétaire représente-t-elle la clé du succès pour les réformes économiques Congo ?
Les perspectives budgétaires pour 2026 ambitionnent la mobilisation de 20,3 milliards USD, objectif réaliste selon le ministre, sauf en cas de chocs extérieurs imprévisibles. Cette projection s’appuie sur la diversification des sources de revenus et l’amélioration continue de la collecte fiscale. La modernisation de l’aéroport de Bunia et la poursuite des travaux du Centre financier et de l’Arena de Kinshasa illustrent cette volonté d’infrastructures modernes, tout en respectant scrupuleusement les principes de légalité et de souveraineté économique dans les partenariats.
L’augmentation de la masse salariale des enseignants, militaires, policiers, médecins, magistrats et professeurs d’université traduit la priorité accordée au capital humain. Cette mesure, couplée au soutien à l’emploi privé, vise à créer un cercle vertueux de consommation et de production nationale. Le Pacte 2024-2028 du Chef de l’État « Plus d’emplois, plus de pouvoir d’achat » trouve ainsi sa traduction concrète dans la politique économique actuelle.
La sobriété dans la gestion publique et la transparence dans l’exécution budgétaire demeurent les principes directeurs de cette administration financière renouvelée. Chaque investissement doit désormais prouver son impact direct sur l’amélioration des conditions de vie des Congolais. Cette exigence de redevabilité marque une rupture avec les pratiques antérieures et pourrait constituer le fondement d’une nouvelle gouvernance économique en RDC.
Les réformes économiques Congo engagées sous l’impulsion de Doudou Fwamba semblent porter leurs premiers fruits, mais le chemin reste long pour consolider durablement la croissance et la redistribuer équitablement. La transformation de la résilience économique en progrès social tangible représente le véritable test de cette politique ambitieuse.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net