Lors de la 80e Assemblée générale des Nations Unies, le Rwanda a exprimé de vives critiques à l’encontre de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), accusant l’organisation internationale de s’être écartée de son mandat initial. Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Jean Patrick Nduhungirehe, a présenté un bilan sévère de l’action de la mission onusienne dans l’est de la RDC.
« Depuis 1999, les Nations Unies entretiennent une mission de maintien de la paix dotée d’un mandat robuste en République Démocratique du Congo », a déclaré le diplomate rwandais. « Néanmoins, en dépit de ces efforts, la mission n’est pas parvenue à mettre fin à la prolifération des groupes armés, en particulier à éliminer les FDLR soutenus par la RDC. Au lieu de cela, la MONUSCO a fini par travailler aux côtés d’une coalition qui inclut les FDLR. »
Cette position du Rwanda intervient dans un contexte de tensions persistantes dans la région du Kivu, où les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) continuent d’opérer malgré les multiples résolutions du Conseil de sécurité appelant à leur neutralisation. Le ministre rwandais a souligné l’urgence d’un examen approfondi de la conformité de la MONUSCO avec son mandat originel.
Comment expliquer cette divergence fondamentale de perception sur le rôle de la MONUSCO ? La réponse semble résider dans des interprétations différentes des causes profondes du conflit. Pour Kigali, la situation actuelle dans l’est congolais trouve ses racines dans « des décennies de mauvaise gouvernance, de marginalisation et des persécutions des communautés minoritaires et d’une idéologie génocidaire sans oublier un héritage colonial persistant ».
Face à ces accusations, la République démocratique du Congo maintient sa position et conteste vigoureusement les allégations rwandaises. Kinshasa a même demandé au Conseil de sécurité de révoquer le statut du Rwanda en tant que contributeur de troupes aux missions de l’ONU. « L’histoire se souviendra de vos décisions aujourd’hui », avait déclaré Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre des Affaires étrangères de la RDC, lors de récentes interventions devant le Conseil de sécurité.
Cette confrontation diplomatique survient alors que le Conseil de sécurité a récemment prorogé jusqu’au 20 décembre 2025 le mandat de la MONUSCO. La résolution 2765 (2024), adoptée à l’unanimité, maintient un effectif maximum autorisé de 11 500 militaires, 600 observateurs militaires et officiers d’état-major, 443 policiers et 1 270 membres d’unités de police constituées.
Les priorités stratégiques de la mission restent inchangées : protection des populations civiles dans les zones de déploiement et appui à la stabilisation et au renforcement des institutions étatiques congolaises. Le Conseil a autorisé la MONUSCO à prendre « toutes les mesures nécessaires » pour s’acquitter de son mandat, mais la question de son impartialité continue de diviser la communauté internationale.
La persistance de ces tensions diplomatiques entre le Rwanda et la RDC, couplée aux critiques récurrentes contre la MONUSCO, soulève des interrogations fondamentales sur l’efficacité du maintien de la paix dans la région. La mission onusienne se trouve prise dans un étau géopolitique complexe, où chaque décision est scrutée à travers le prisme des relations conflictuelles entre les deux pays voisins.
La stabilisation de l’est du Congo demeure ainsi un défi multidimensionnel, où les considérations sécuritaires s’entremêlent avec des enjeux diplomatiques régionaux et des héritages historiques douloureux. La capacité de la MONUSCO à naviguer dans ces eaux troubles continuera d’être testée dans les mois à venir, alors que les différentes parties semblent plus éloignées que jamais sur la voie à suivre pour parvenir à une paix durable.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd