Le projet Kinshasa Aréna, présenté comme la vitrine sportive de la République Démocratique du Congo, traverse une crise de crédibilité dont les conséquences politiques pourraient s’avérer plus dommageables que les retards techniques eux-mêmes. Le ministre des Finances, Doudou Fwamba, se trouve au cœur d’une tempête médiatique après des déclarations contradictoires qui jettent une lumière crue sur les dysfonctionnements administratifs entravant ce chantier pharaonique.
Comment expliquer qu’en décembre 2024, le même ministre affirmait catégoriquement que « plus de cent-cinquante conteneurs étaient déjà sur le site » et que « les travaux avaient repris depuis une semaine », pour reconnaître moins d’un an plus tard que ces mêmes conteneurs étaient en réalité bloqués au port de Matadi ? Cette contradiction flagrante dans la communication gouvernementale interroge sur la transparence de la gestion de ce projet structurant.
La situation actuelle du chantier Kinshasa Aréna reflète-t-elle les difficultés habituelles des grands projets d’infrastructure ou révèle-t-elle des problèmes plus profonds dans la gouvernance des finances publiques ? Les explications fournies par le ministre des Finances lors de son passage sur Top Congo FM le 30 septembre 2025 peinent à convaincre. L’évocation soudaine d’un « contrat illégal » selon l’Inspection Générale des Finances, après des mois d’assurances optimistes, suscite légitimement des interrogations.
Le revirement spectaculaire de Doudou Fwamba, passant d’un discours triomphaliste en décembre 2024 à une justification procédurale en septembre 2025, fragilise considérablement la confiance que les citoyens peuvent accorder aux institutions. Le ministre joue gros dans ce dossier, car son crédit politique est désormais indissociablement lié à la résolution de cette impasse. L’écart entre les promesses initiales d’inauguration pour septembre 2025 et la réalité d’un chantier paralysé illustre les lacunes persistantes dans la planification et le suivi des projets d’envergure nationale.
Au-delà des contradictions verbales, c’est toute la chaîne décisionnelle qui semble défaillante. Comment un contrat jugé ultérieurement « illégal » par l’IGF a-t-il pu être signé initialement ? Pourquoi ces irrégularités n’ont-elles été détectées qu’après le déblocage de fonds publics importants ? Ces questions méritent des réponses claires, d’autant que le ministre avait précédemment évoqué un investissement étatique de 45 millions USD pour relancer les travaux.
La population congolaise, qui attendait avec impatience cette infrastructure capable d’accueillir des compétitions internationales, se trouve confrontée à une amère désillusion. Le retard du projet Kinshasa Aréna symbolise les défis de la modernisation des infrastructures en RDC, où les annonces ambitieuses butent souvent sur les réalités administratives et logistiques. Ce chantier à l’arrêt devient malgré lui le miroir des difficultés rencontrées par le pays dans l’exécution de ses projets structurants.
Les implications politiques de ce fiasco pourraient s’avérer significatives. La crédibilité du gouvernement dans la réalisation des infrastructures promises s’en trouve écornée, alors que d’autres projets d’envergure attendent leur tour. Le ministre des Finances devra non seulement résoudre l’impasse technique et financière, mais aussi restaurer la confiance ébranlée des citoyens et des partenaires internationaux.
À l’heure où la RDC cherche à affirmer son leadership régional, la capacité à mener à bien des projets comme le Kinshasa Aréna représente un enjeu de crédibilité internationale. Les prochaines semaines seront déterminantes pour savoir si les autorités parviendront à débloquer la situation ou si ce projet rejoindra la longue liste des chantiers inachevés qui ponctuent le paysage congolais.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Eventsrdc