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Kisenge Manganèse : 518 retraités crient famine après 200 mois d’impayés

Imaginez travailler toute une vie pour une entreprise publique, cotiser pour votre retraite, puis attendre plus de seize ans sans recevoir un seul franc de vos arriérés de salaire. C’est le calvaire que vivent actuellement 518 agents retraités de l’Entreprise publique Kisenge Manganèse, abandonnés dans un silence assourdissant par les institutions censées les protéger.

La situation est devenue si critique que les députés nationaux du Lualaba ont dû intervenir personnellement. Lundi 29 septembre, une délégation parlementaire s’est rendue au siège de l’entreprise pour rencontrer le Directeur général Yannick Sosongo. « Nous avons été saisis, par des voies formelles et informelles, des cris de détresse des agents et compatriotes qui travaillent à Kisenge Manganèse », a confié Alain Kantenga, président du caucus des députés du Lualaba.

Mais quelle réalité se cache derrière ces cris d’alarme ? L’entreprise Kisenge Manganèse, fleuron industriel de la province du Lualaba, a cessé toute activité depuis 1980. Pourtant, son nom continue de figurer dans le portefeuille des entreprises publiques de la RDC. Comment expliquer qu’une société inactive depuis plus de quarante ans continue à avoir des employés théoriquement en poste ? Et surtout, comment justifier que ces travailleurs, aujourd’hui retraités, n’aient jamais perçu la totalité de leurs droits ?

Les chiffres donnent le vertige : 518 agents retraités concernés, certains cumulant plus de 200 mois d’arriérés de salaires. Soit près de dix-sept années de travail non rémunéré. Dix-sept années à attendre un salaire qui ne vient jamais, à compter les jours en espérant une solution qui tarde à se concrétiser. Dans une région où la vie est déjà difficile, comment ces familles survivent-elles ? Quelles stratégies de résilience ont-elles dû développer pour faire face à cette injustice flagrante ?

Face à cette crise sociale qui s’installe dans la durée, les députés du Lualaba promettent de saisir la plus haute autorité du pays. « Nous allons saisir la hiérarchie, notamment le Président de la République, pour relayer ces cris d’alarme. Ces compatriotes ont travaillé, ils méritent une retraite paisible », insiste le député Kantenga. Mais les promesses politiques suffiront-elles à apaiser la colère légitime de ces travailleurs oubliés ?

La solution proposée par les élus locaux passe par un investissement massif de l’État congolais dans Kisenge Manganèse, à l’instar d’autres entreprises du portefeuille public. Une relance économique qui permettrait non seulement de résoudre la question des impayés, mais aussi de redynamiser le bassin industriel du Lualaba. Dans une province riche en ressources minières, comment expliquer que des entreprises publiques comme Kisenge Manganèse restent à l’abandon ?

En attendant des actions concrètes, les députés appellent au calme et à la confiance. Un message difficile à faire passer auprès de retraités qui ont perdu confiance en les institutions. Le caucus met également en garde contre « les pêcheurs en eaux troubles » qui tenteraient d’exploiter cette détresse sociale à des fins politiques. Mais n’est-ce pas précisément l’inaction des autorités qui ouvre la porte à ces manipulations ?

Cette affaire dépasse largement le simple cas de Kisenge Manganèse. Elle interroge sur le traitement réservé aux travailleurs du secteur public en RDC, sur la gestion des entreprises étatiques et sur la valeur accordée à la dignité humaine. Comment construire un État de droit quand des centaines de citoyens qui ont servi leur pays se retrouvent abandonnés à leur sort ?

La crise de Kisenge Manganèse symbolise les défis auxquels fait face la République Démocratique du Congo dans sa gestion du patrimoine public et dans sa relation avec ses travailleurs. Elle révèle les failles d’un système où les droits les plus élémentaires des employés peuvent être bafoués pendant des décennies sans que personne ne semble s’en émouvoir. Jusqu’à quand ?

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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