Dans un geste politique fortement symbolique, le gouverneur Daniel Bumba a officiellement donné le coup d’envoi des travaux de construction de l’avenue Lumumba dans la commune de Ngaba. Cette inauguration, intervenue ce lundi 29 septembre, s’inscrit dans la stratégie plus large d’embellissement et de désenclavement de la capitale congolaise. Mais au-delà du symbole, quelle portée réelle revêt cet investissement infrastructurel pour les populations locales et quelle lecture politique faut-il en faire ?
Le projet, d’une envergure technique significative, prévoit la réalisation d’une route bétonnée sur 1,8 kilomètre, créant ainsi un axe vital entre l’avenue Kianza et le By Pass. Cette nouvelle artère promet de fluidifier la circulation dans un secteur jusqu’ici caractérisé par son enclavement chronique. Le gouverneur Bumba, dans son allocution, a martelé la détermination de l’exécutif provincial à doter Kinshasa d’infrastructures routières de qualité et durables. Reste à savoir si cette volonté affichée résistera à l’épreuve du temps et des contingences pratiques.
L’aspect politique de l’opération mérite une analyse approfondie. En confiant ces travaux de construction avenue Lumumba à une entreprise 100% congolaise, le gouvernement provincial joue la carte du patriotisme économique. Cette décision stratégique s’inscrit dans le discours plus large de promotion des compétences locales et de souveraineté économique. Mais cette approche ne comporte-t-elle pas également des risques en termes de contrôle qualité et de respect des délais annoncés ?
La temporalité du projet interpelle : trois mois seulement sont prévus pour l’achèvement des travaux routiers à Ngaba. Un calendrier ambitieux, voire audacieux, qui pourrait soit consacrer l’efficacité de la nouvelle gouvernance, soit révéler ses limites opérationnelles. Le gouverneur Bumba, accompagné du vice-gouverneur Eddy Iyeli, a présenté cette initiative comme la matérialisation concrète de la politique d’assainissement et de modernisation de la ville. Mais cette annonce ne s’apparente-t-elle pas également à une opération de communication soigneusement orchestrée ?
L’annonce surprise de projets supplémentaires pour la commune de Ngaba – un marché municipal moderne et une école primaire publique – vient complexifier l’analyse. Ces équipements structurants, s’ils voient effectivement le jour, pourraient effectivement combler un déficit criant en matière d’infrastructures sociales. Cependant, leur concomitance avec les travaux routiers soulève des questions sur la capacité réelle de l’exécutif provincial à mener de front plusieurs chantiers d’envergure.
La réaction du député provincial Monplaisir Bolokole, qui a salué cette « attention particulière » portée à sa circonscription, apporte un éclairage intéressant sur les enjeux politiques locaux. Son soutien public au gouverneur Bumba témoigne des recompositions en cours dans le paysage politique kinois et de la stratégie d’ancrage territorial déployée par l’exécutif provincial.
Le développement urbain en RDC, à travers des projets comme celui de l’avenue Lumumba, devient ainsi le théâtre d’une démonstration de force politique. La capacité à transformer les promesses en réalités tangibles constituera le véritable critère d’évaluation de cette politique des infrastructures à Kinshasa. Les prochains mois seront décisifs pour déterminer si cette initiative marque un tournant durable dans la gouvernance urbaine ou si elle rejoindra le long cortège des annonces sans suite.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd