La province du Tanganyika fait face à une résurgence inquiétante du choléra dans la zone de santé d’Ankoro, territoire de Manono. En l’espace d’une semaine seulement, 55 cas ont été officiellement recensés, avec un bilan tragique de trois décès enregistrés. Cette flambée épidémique touche particulièrement six aires de santé situées le long du fleuve Congo, selon les informations communiquées par les autorités sanitaires locales.
Le Dr Michel Chinish Koj, médecin chef de zone d’Ankoro, pointe du doigt une cause fondamentale : le manque criant d’eau potable qui expose les populations à un risque permanent. Comment une ressource aussi vitale que l’eau peut-elle devenir un vecteur de mort dans notre pays ? La réponse réside dans la contamination des points d’eau utilisés par les communautés riveraines du fleuve, transformant cette source de vie en véritable menace sanitaire.
Face à cette urgence, les autorités sanitaires ont mis en place une stratégie de réponse multidimensionnelle. Huit points de chloration ont été installés le long du fleuve Congo, permettant de traiter l’eau et de la rendre consommable sans danger. Mais est-ce suffisant pour endiguer cette épidémie de choléra qui frappe le Tanganyika ? La chloration représente une solution immédiate, mais la problématique nécessite une approche plus globale.
Le médecin chef de zone lance un appel pressant aux chefs de quartiers, responsables religieux et relais communautaires pour organiser des campagnes de sensibilisation intensives. L’objectif : inculquer les gestes barrières essentiels comme le lavage systématique des mains avec du savon, le nettoyage méticuleux des aliments et la consommation exclusive d’eau traitée. Ces mesures simples, si elles sont correctement appliquées, pourraient sauver des dizaines de vies dans les communautés affectées.
La prise en charge des malades rencontre cependant des obstacles significatifs. Le Dr Koj souligne les difficultés liées au manque d’intrants médicaux nécessaires au traitement des patients. Heureusement, un espoir apparaît avec l’arrivée d’un lot d’intrants fourni par la division provinciale de la santé, soutenu par l’implication d’un député élu de Manono. Cette synergie d’actions démontre que la lutte contre le choléra à Ankoro et Manono nécessite une mobilisation concertée de tous les acteurs.
La situation actuelle dans le Tanganyika nous rappelle cruellement l’importance des infrastructures d’eau potable dans la prévention des maladies hydriques. Les points de chloration sur le fleuve Congo constituent une bouée de sauvetage immédiate, mais qu’en est-il des solutions durables ? L’accès à l’eau potable reste un défi majeur dans de nombreuses régions de la RDC, et cette crise sanitaire en est la triste illustration.
Les spécialistes en santé publique insistent sur l’urgence de développer des systèmes d’approvisionnement en eau sécurisés, particulièrement dans les zones riveraines des cours d’eau. Le fleuve Congo, bien que vital pour les communautés, peut devenir un vecteur de propagation rapide des maladies lorsqu’il est contaminé. La prévention passe donc par une combinaison de solutions temporaires, comme la chloration, et d’investissements structurels dans les infrastructures hydrauliques.
La population est invitée à redoubler de vigilance et à adopter rigoureusement les mesures d’hygiène recommandées. En cette période de vulnérabilité accrue, chaque geste de prévention compte. Les autorités sanitaires continuent de surveiller l’évolution de la situation tout en renforçant les capacités de réponse dans les centres de santé affectés par cette résurgence du choléra.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net