Alors que plus de 600 millions d’Africains n’ont toujours pas accès à l’électricité, le continent se positionne comme un acteur central dans la sécurité énergétique et minérale mondiale. Cette réalité a été au cœur des discussions du forum africain énergie organisé en marge de la 80e Assemblée générale des Nations Unies par le Centre Afrique de l’Atlantic Council.
Jonathan Pratt, Haut Fonctionnaire du bureau des affaires africaines au Département d’État américain, a révélé des chiffres significatifs : depuis l’arrivée de l’administration Trump, plus de 17 accords d’une valeur de 9,2 milliards USD ont été signés dans les secteurs de l’énergie et des minerais en Afrique. Ces investissements USA Afrique représentent une stratégie commerciale concrète qui commence déjà à porter ses fruits.
« La stratégie commerciale du département d’État produit des résultats concrets et tangibles », a affirmé Jonathan Pratt lors de son intervention mardi 23 septembre 2025. Il a cité l’exemple de l’entreprise américaine Hydro-Link qui a signé un accord de 1,5 milliard USD avec l’Angola pour construire une ligne de transmission reliant l’hydroélectricité aux mines en RDC. Cette énergie fiable alimentera la production de cobalt et de cuivre, essentielle pour les réseaux électriques et l’électronique mondiale.
Mais comment l’Afrique peut-elle transformer ses ressources en prospérité réelle pour ses populations ? La réponse américaine s’articule autour de trois axes stratégiques. Premièrement, le renforcement de l’environnement d’investissement grâce à un engagement diplomatique et technique constant. « Nous travaillons avec les gouvernements africains sur des réformes politiques et réglementaires », a précisé le diplomate américain.
Deuxièmement, la mobilisation des capitaux pour des projets commercialement viables, en collaboration avec la DFC, l’EXIM et l’USTDA. L’objectif est de réduire les risques d’investissement et d’impliquer des entreprises américaines dans des projets stratégiquement importants pour la sécurité énergétique Afrique.
Troisièmement, la promotion des projets régionaux transformateurs, avec le Corridor Lobito comme exemple phare. Ce corridor créera une route d’exportation sécurisée et transparente pour les minerais critiques en provenance d’Angola, de Zambie et de la RDC. « Notre objectif n’est pas seulement d’assurer des chaînes d’approvisionnement fiables pour les États-Unis, mais aussi de bâtir un corridor prospère qui stimule le commerce, soutient l’emploi et favorise la prospérité dans toute la région », a souligné Jonathan Pratt.
Dans la région des Grands Lacs, les États-Unis continuent de travailler avec la RDC et le Rwanda pour sécuriser un accord de paix qui ouvrirait la voie à des investissements américains durables. Cette approche reconnaît que la paix et la stabilité sont des prérequis essentiels à l’investissement. Les accords miniers RDC font partie intégrante de cette stratégie plus large.
Le contexte énergétique africain présente un paradoxe saisissant : le continent dispose d’immenses ressources gazières et contribue à moins de 4% des émissions mondiales, pourtant il reste confronté au défi d’accès à l’énergie le plus aigu au monde. La reconnaissance du gaz comme source importante de combustible pour la transition énergétique ouvre de nouvelles perspectives.
« Le gaz naturel africain alimentera les industries et les foyers, sur le continent et ailleurs. Les minerais africains approvisionneront les usines qui soutiennent la sécurité mondiale », a déclaré Jonathan Pratt, insistant sur la vision américaine d’un partenariat mutuellement bénéfique. « Les États-Unis sont prêts à travailler avec les gouvernements et les entreprises pour garantir que ces ressources alimentent non seulement les marchés américains et mondiaux, mais aussi la croissance et la prospérité de l’Afrique elle-même. »
Quelles implications cette stratégie aura-t-elle sur le développement économique de la RDC et de l’Afrique dans son ensemble ? Les observateurs s’accordent à dire que ce qui se passe dans les secteurs africains de l’énergie et des mines façonnera non seulement la prospérité de l’Afrique, mais aussi la sécurité et la compétitivité mondiales pour les décennies à venir. L’administration Trump considère désormais les pays africains comme des partenaires stratégiques dans cette mission commune, marquant un tournant significatif dans la politique étrangère américaine en Afrique.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd