« Quand mes parents sont décédés, je n’avais plus rien à faire. Je me suis dit si je croise les bras à ne rien faire, ce sera compliqué parce que j’ai de petits frères qui comptent sur moi. J’ai 12 ans et nous vivons que des vols parce que sans cela, nous n’allons pas manger. » Ces mots déchirants d’Héritier Bololo, enfant des rues à Kinshasa, résonnent comme un cri d’alarme dans une société qui semble avoir oublié ses plus vulnérables.
À travers les artères boueuses de la capitale congolaise, ils sont des milliers d’enfants des rues en RDC à errer chaque jour, victimes silencieuses d’une pauvreté qui ne dit pas son nom. Leur existence se résume à une quête permanente de survie, entre la faim qui tenaille et la violence qui guette. Comment en sommes-nous arrivés à cette situation où des enfants de 5 à 18 ans doivent se débrouiller seuls dans l’enfer urbain ?
La descente aux enfers commence souvent dans des foyers brisés par la misère économique ou les violences domestiques. Ces enfants des rues au Congo ne choisissent pas la rue : ils y sont poussés par des circonstances qui dépassent leur jeune âge. La mort des parents, les familles disloquées, l’extrême pauvreté – autant de facteurs qui transforment l’enfance en un combat quotidien.
Une fois dans la rue, le cauchemar s’amplifie. Privés d’abri, ces enfants dorment à même le sol, exposés aux intempéries et aux maladies. La malnutrition les guette, tandis que l’accès aux soins médicaux relève du miracle. « Beaucoup d’entre nous tombent malades, mais personne ne vient nous soigner », confie un jeune garçon rencontré près du marché Central. Ce témoignage d’enfant rue illustre une réalité trop souvent ignorée.
La violence contre les enfants dans la rue constitue l’autre face de ce drame humain. Exploitation sexuelle, agressions physiques, humiliations psychologiques – ces jeunes vies deviennent le théâtre de toutes les brutalités. Leurs cris restent étouffés par l’indifférence générale, leur solitude renforcée par l’absence de structures d’accueil adaptées.
L’éducation, ce sésame qui pourrait leur offrir une porte de sortie, reste un luxe inaccessible. Comment envisager l’école quand l’estomac crie famine ? Comment se projeter dans l’avenir quand le présent se résume à la survie immédiate ? Les conditions de vie des enfants en RDC créent un cercle vicieux dont il semble impossible de s’extraire.
Pourtant, des lueurs d’espoir persistent. Des organisations locales et internationales tentent d’apporter une aide, mais leurs moyens restent dérisoires face à l’ampleur du phénomène. Les initiatives éducatives peinent à toucher l’ensemble des enfants concernés, laissant beaucoup trop de jeunes sans perspective d’avenir.
La question fondamentale demeure : comment notre société peut-elle accepter que des enfants grandissent dans de telles conditions ? Le phénomène des enfants des rues en RDC n’est pas une fatalité, mais le symptôme d’un malaise social profond. Chaque enfant dans la rue représente un échec collectif, une solidarité défaillante, une humanité en berne.
Le témoignage poignant d’Héritier et de milliers d’autres enfants devrait nous interpeller tous. Derrière les statistiques froides se cachent des destins brisés, des rêves d’enfance réduits en cendres. Il est temps que la société congolaise prenne ses responsabilités face à ce drame silencieux. Car chaque enfant sauvé des rues, c’est une victoire contre l’indifférence et un pas vers une société plus juste.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
