Le gouvernement congolais a opté pour une mesure pour le moins singulière pour tenter de résoudre l’épineux problème des embouteillages à Kinshasa : le déploiement des militaires des FARDC aux côtés des agents de la Police de circulation routière. Cette décision, prise lors du Conseil des ministres du 19 septembre sur instruction présidentielle, entre en vigueur ce lundi 29 septembre, marquant un tournant dans l’approche gouvernementale de la régulation du trafic dans la capitale.
Cette initiative, présentée comme une solution d’urgence face à la paralysie chronique de la circulation kinoise, soulève cependant des interrogations fondamentales sur la pertinence d’une militarisation de l’espace urbain pour résoudre des problèmes d’infrastructure. Le déploiement militaires FARDC circulation Kinshasa représente-t-il une réponse adaptée à la complexité des défis de mobilité urbaine ?
Les observateurs avertis ne cachent pas leur scepticisme. Pour Mike Gardy Diana, journaliste et éditeur, cette mesure ne constitue qu’un palliatif temporaire à un mal structurel. « Conjoncturellement, ça peut permettre de dégager les routes, mais dans le fond, le déploiement des militaires ne résoudra pas durablement le problème », affirme-t-il, appelant plutôt à une réflexion profonde sur l’aménagement urbain de Kinshasa.
La régulation circulation militaire RDC suscite des craintes légitimes parmi les défenseurs des droits humains. Dismas Kitenge, président du Groupe Lotus, s’interroge : l’armée congolaise est-elle préparée à gérer la complexité de la circulation urbaine sans tomber dans les abus ? « Les militaires pourraient eux-mêmes créer des embouteillages, des tracasseries, voire des scènes de violence », redoute-t-il, pointant du doigt les risques de dérapage.
Stéphanie Wolters, chercheuse à l’Institut sud-africain des relations internationales, enfonce le clou en rappelant l’évidence : le problème des embouteillages Kinshasa solution durable ne réside pas dans le manque de force de coercition, mais dans l’inadéquation criante entre le parc automobile et les infrastructures routières. « Faire cinq heures pour parcourir cinq kilomètres, c’est grave. Le problème, c’est qu’il y a trop de voitures et trop peu de routes », analyse-t-elle avec lucidité.
Les mesures gouvernementales transport Kinshasa semblent ainsi ignorer les véritables causes structurelles de la congestion urbaine. La capitale congolaise, avec sa démographie galopante et son occupation déséquilibrée du territoire, nécessite des solutions bien plus ambitieuses que le simple déploiement d’uniformes.
Les critiques déploiement armée circulation se multiplient et convergent vers un constat implacable : sans investissements massifs dans les infrastructures, sans planification urbaine cohérente et sans politique de transport public digne de ce nom, toute mesure ne sera que cosmétique. Le gouvernement joue-t-il sa crédibilité sur cette opération de sécurisation routière ?
La question fondamentale reste en suspens : jusqu’où peut-on militariser l’espace public pour résoudre des problèmes civils ? L’armée congolaise, formée pour combattre des ennemis, est-elle vraiment l’instrument approprié pour réguler le trafic des citoyens ?
Alors que Kinshasa étouffe sous le poids des embouteillages, la solution miracle promise par ce déploiement militaire risque de n’être qu’un cautère sur une jambe de bois. Les véritables défis – désengorgement urbain, construction de nouvelles voies, meilleure planification territoriale – attendent toujours des réponses concrètes et durables.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
