La situation humanitaire dans l’est de la République démocratique du Congo a été au cœur des discussions entre le président Félix Tshisekedi et une délégation du Programme alimentaire mondial, lors d’une rencontre à New York ce samedi 27 septembre 2025. Cet état de crise alimentaire aiguë dans les provinces orientales du pays a nécessité une concertation de haut niveau pour coordonner les interventions d’urgence.
L’entretien, qui s’est déroulé dans le cadre des activités diplomatiques congolaises aux États-Unis, a permis d’aborder en profondeur l’action humanitaire du PAM en RDC. L’organisation onusienne fournit actuellement une assistance alimentaire et nutritionnelle essentielle à des millions de Congolais affectés par ce que les experts qualifient de « tempête parfaite » : la combinaison destructrice de violence armée, de déplacements massifs de populations et d’insécurité alimentaire chronique.
La directrice générale du PAM, Mme McCain, a exposé au chef de l’État congolais les défis opérationnels auxquels font face les équipes humanitaires sur le terrain. Ces difficultés comprennent notamment l’accès limité aux zones de conflit, les problèmes logistiques dans une région au réseau routier dégradé, et les contraintes sécuritaires qui entravent la distribution régulière de l’aide alimentaire. Comment, en effet, parvenir à atteindre toutes les populations dans le besoin lorsque les routes sont impraticables et que les groupes armés contrôlent certains territoires ?
Le contexte géopolitique de l’est congolais explique en grande partie cette crise humanitaire sans précédent. Depuis plus de deux décennies, cette région riche en ressources naturelles est le théâtre de conflits armés récurrents opposant l’armée nationale à divers groupes rebelles, sans oublier les tensions intercommunautaires qui exacerbent les déplacements de population. Ces facteurs ont créé des conditions propices à l’émergence d’une crise alimentaire d’urgence, classant la RDC parmi les « points chauds de la faim de très haute préoccupation » selon la terminologie des agences onusiennes.
La rencontre entre Tshisekedi et le PAM s’inscrit dans une stratégie plus large de mobilisation internationale face à l’urgence humanitaire en RDC. Le Programme alimentaire mondial représente en effet l’un des partenaires humanitaires les plus importants pour le pays, avec des opérations qui s’étendent bien au-delà de la simple distribution alimentaire. L’organisation travaille également à des programmes de nutrition thérapeutique pour les enfants souffrant de malnutrition aiguë, soutient les moyens de subsistance des communautés agricoles et développe des systèmes de résilience face aux chocs climatiques et économiques.
Les perspectives évoquées lors de cet entretien suggèrent une volonté commune de renforcer la collaboration entre le gouvernement congolais et le PAM. Cette coordination améliorée pourrait permettre d’optimiser les interventions humanitaires, de mieux cibler les populations vulnérables et d’assurer une transition plus fluide entre l’aide d’urgence et les programmes de développement à long terme. La question centrale demeure : comment transformer l’assistance humanitaire immédiate en solutions durables pour les populations affectées ?
La gravité de la situation alimentaire en RDC ne saurait être sous-estimée. Les dernières données disponibles indiquent que des millions de Congolais, particulièrement dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri, connaissent des niveaux d’insécurité alimentaire critiques. Cette crise multidimensionnelle – à la fois alimentaire, sécuritaire et sanitaire – représente un défi majeur pour la stabilité du pays et de toute la région des Grands Lacs.
L’engagement du président Tshisekedi sur ce dossier humanitaire lors de son déplacement à New York témoigne de la priorité accordée par les autorités congolaises à cette crise. Cependant, la résolution durable de cette situation complexe nécessitera une approche intégrée combinant renforcement de la sécurité, appui humanitaire coordonné et investissements dans le développement rural. Le partenariat entre le gouvernement et le PAM constitue ainsi une pièce maîtresse dans la réponse à cette urgence silencieuse qui affecte des millions de vies congolaises.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net
