La capitale congolaise, Kinshasa, se trouve prise au piège d’une paralysie urbaine sans précédent, alors que les travaux de réhabilitation routière s’enlisent dans l’improvisation et l’inachèvement. Ce samedi 27 septembre, l’opposant politique Delly Sesanga, leader d’Envol, a rompu un silence de plusieurs mois pour tirer la sonnette d’alarme sur une situation qui confine à l’asphyxie de la mégalopole.
Lors d’un meeting au terrain Tshobo dans la commune de Matete, le candidat malheureux à la présidentielle a dressé un constat accablant : « Aujourd’hui, circuler à Kinshasa devient très difficile pour la population à cause des embouteillages ici et là, avec l’ouverture sans planification des travaux ». Une déclaration qui résume le calvaire quotidien des Kinois, prisonniers d’embouteillages devenus quasi chroniques.
Mais au-delà des simples désagréments de circulation, c’est une véritable crise humanitaire que l’homme politique anticipe avec une lucidité troublante. « Dans si peu, des grandes pluies vont s’abattre à Kinshasa, mais comme c’est de coutume, il y aura des inondations, des maisons vont couler, parce que les avenues n’ont pas été arrangées dans toutes les communes, et y aura mort d’homme », a-t-il prophétisé, rappelant le drame survenu en avril dernier où les inondations avaient causé la perte de vies humaines.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 70% des chantiers de réhabilitation routière à Kinshasa demeurent inachevés, créant un paysage urbain défiguré par des tranchées béantes et des artères mutilées. La Mettelsat annonce pourtant l’arrivée imminente de la saison des pluies dès le début octobre, transformant cette situation déjà critique en bombe à retardement hydrologique.
Comment en est-on arrivé à cette impasse ? L’analyse révèle une accumulation de dysfonctionnements structurels. Les embouteillages kinois ne sont pas simplement le fruit d’un manque de régulation ; ils trouvent leur origine dans l’impraticabilité de la majorité des artères principales et l’inexistence criante de routes secondaires qui pourraient servir de dégagement en cas d’engorgement des grands boulevards. Cette situation s’est considérablement aggravée avec l’ouverture concomitante de multiples chantiers, sans coordination apparente ni plan de circulation alternatif.
La démographie galopante de Kinshasa, alimentée par un exode rural continu, exacerbe davantage cette congestion urbaine. Les routes barrées pour des travaux qui « visiblement, n’évoluent pas », selon l’expression cinglante de Delly Sesanga, créent des goulots d’étranglement qui paralysent l’économie informelle, principale pourvoyeuse d’emplois dans la capitale.
Face à cette crise multiforme, le gouvernement tente une réponse pour le moins singulière : l’annonce d’une collaboration, dès lundi prochain, entre les policiers de la circulation routière et les militaires. Cette militarisation de la gestion du trafic interroge sur la capacité des autorités à apporter des solutions structurelles à un problème éminemment technique et urbanistique.
La réhabilitation des routes à Kinshasa représente-t-elle un chantier impossible ? Les déclarations de l’opposant politique Delly Sesanga mettent en lumière l’urgence d’une approche plus méthodique. Les embouteillages monstres qui étranglent la capitale ne sont-ils pas le symptôme d’une gouvernance urbaine en panne ? Les Kinois, quant à eux, retiennent leur souffle à l’approche de la saison des pluies, redoutant de revivre le cauchemar des inondations passées dans une ville où les travaux de réhabilitation semblent condamnés à rester inachevés.
L’enjeu dépasse largement la simple question de la circulation ; c’est la crédibilité même de l’action publique qui se joue dans ces chantiers routiers. Le gouvernement parviendra-t-il à inverser la tendance avant que les premières gouttes de pluie ne viennent rappeler l’urgence de la situation ? La capitale congolaise attend une réponse concrète, alors que la saison des pluies pointe déjà à l’horizon.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd