Dans un contexte politique congolais particulièrement tendu, le président national du parti Envol, Delly Sesanga, a choisi la tribune du meeting populaire de Kinshasa pour lancer un avertissement solennel à l’endroit du pouvoir en place. Ce samedi 27 septembre 2025 restera marqué par cette prise de position ferme contre ce qu’il qualifie de « projet funeste » de modification constitutionnelle.
Le timing de cette intervention n’est pas anodin. Alors que le compte à rebours du deuxième et dernier mandat du président Félix Tshisekedi affiche moins de 1500 jours, l’opposant dénonce un détournement des priorités nationales. « Je crois qu’il est à 1180 jours de la fin de son mandat qui ne ramène pas la paix en RDC, qu’il ne ramène pas la prospérité et qui se détourne de questions essentielles », a déclaré Delly Sesanga devant une foule de militants visiblement acquis à sa cause.
Cette sortie médiatique s’inscrit dans la continuité des récentes tensions à l’Assemblée nationale, où le dernier feuilleton parlementaire a révélé selon l’opposant « que le régime de Kinshasa se préoccupe moins des besoins primaires de la population congolaise ». La question du changement constitution RDC devient ainsi le nouveau front de la bataille politique, ravivant les craintes d’une dérive autoritaire.
Mais au-delà des considérations institutionnelles, le président d’Envol a élargi sa critique à la situation économique du pays. Dans une charge aussi virulente que précise, il a dénoncé « une fausse baisse du dollar américain face à la monnaie nationale » qui ne se traduit pas dans le panier de la ménagère congolaise. « La baguette de pain qu’ils ont trouvé à 200 FC se vend à 1000 FC, malgré la baisse. La mesurette de semoule coûtait 2000 FC, aujourd’hui c’est à 4000 FC », a-t-il illustré, pointant du doigt l’écart entre les annonces gouvernementales et la réalité du terrain.
Le meeting politique Kinshasa a surtout été l’occasion pour Delly Sesanga de dresser un tableau sombre de la jeunesse chômage RDC. Selon lui, les jeunes Congolais n’auraient plus que deux options : « conduire une moto ou jouer au pari sportif Winner ». Cette déclaration choc, appuyée par la référence à une ancienne déclaration du président Tshisekedi à Lubumbashi selon laquelle « l’État ne donne pas du travail aux gens », vise à marquer les esprits sur l’urgence sociale.
Quelles sont les implications réelles de cette mobilisation de l’opposition ? Le Delly Sesanga Envol parvient-il à capitaliser sur le mécontentement populaire pour constituer une alternative crédible ? La réponse se jouera dans sa capacité à fédérer « toutes les forces politiques et sociales » qu’il appelle à la résistance. Le gouvernement, de son côté, devra répondre à ces accusations sur le terrain des réalisations concrètes plutôt que sur celui des projets constitutionnels.
La suite de ce bras de fer politique s’annonce déterminante pour l’avenir institutionnel de la RDC. Entre priorités sociales et ambitions personnelles, le pouvoir devra trancher : continuera-t-il sur la voie du changement constitutionnel au risque de fragiliser sa légitimité, ou se recentrera-t-il sur les urgences sociales qui minent le quotidien des Congolais ? La balle est désormais dans le camp de la majorité présidentielle, tandis que l’opposition, galvanisée par cette sortie médiatique, prépare visiblement sa prochaine offensive.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd