À Kingabwa, un quartier de la commune de Limete à Kinshasa, le cri de détresse des habitants résonne au milieu des décombres. « Nous passons nos nuits à la belle étoile, la pluie nous a surpris dehors », confie une mère de famille, les yeux remplis de larmes. Cette scène poignante illustre le drame vécu par des centaines de ménages, chassés de leurs habitations lors d’une opération de déguerpissement menée par la Société Commerciale des Transports et des Ports (SCTP). Les bulldozers ont rasé des maisons construites illégalement le long des voies ferrées, plongeant des familles entières dans une précarité alarmante.
L’objectif officiel de cette demolition maisons illégales est de sécuriser le corridor ferroviaire, essentiel pour le transport des marchandises et la relance économique. Les autorités provinciales justifient cette action par la nécessité de préparer des travaux de réhabilitation, arguant que ces constructions empiètent sur le domaine public. Cependant, sur le terrain, la réalité est bien plus complexe. Les résidents, qui affirment avoir acheté leurs parcelles auprès du cadastre de l’État, se sentent trahis. « Comment l’État peut-il nous chasser sans indemnisation après nous avoir vendu ces terres ? », s’interroge un habitant, montrant des documents qu’il estime légitimes.
Le déguerpissement Kinshasa soulève des questions cruciales sur la gestion urbaine et les droits des populations vulnérables. Alors que la SCTP Congo avance des arguments de sécurité, les familles sans abri Kingabwa dénoncent un manque de dialogue et de compassion. Beaucoup ont tout perdu du jour au lendemain, leurs biens dispersés sous les décombres, sans solution de relogement proposée. La saison des pluies approchant, la situation devient critique. « Si une forte averse s’abat, où irons-nous ? », lance un jeune père, désemparé. Cette crise met en lumière les lacunes des politiques sociales en République Démocratique du Congo, où les opérations d’éviction se multiplient sans accompagnement adéquat.
Au-delà de Kingabwa, ce phénomène reflète une tendance inquiétante à Kinshasa, où l’expansion urbaine non maîtrisée conduit à des conflits fonciers récurrents. Les autorités sont interpellées pour trouver un équilibre entre développement infrastructurel et protection des citoyens. La corridor ferroviaire sécurisation est certes importante, mais à quel prix humain ? Les victimes réclament justice et un relogement digne, soulignant que leur précarité expose aussi aux risques d’insécurité, comme les attaques des Kulunas, ces gangs locaux. « Cuisiner dehors, c’est s’exposer à tous les dangers », témoigne une femme, craignant pour la sécurité de ses enfants.
En conclusion, cette opération de déguerpissement à Kinshasa pose un défi sociétal majeur : comment concilier modernisation et équité ? Les familles affectées attendent des actions concrètes, non des promesses vaines. Les enjeux de logement et de droits humains doivent être au cœur des priorités gouvernementales, afin d’éviter que de tels drames ne se reproduisent. La solidarité nationale et internationale est appelée à se mobiliser pour ces populations oubliées, dont la résilience est mise à rude épreuve.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd