Dans l’écrin culturel du Centre Andrée Blouin, une alchimie particulière opérait ce vendredi 26 septembre. L’air était chargé de cette électricité créatrice qui précède souvent les grandes métamorphoses littéraires. Une vingtaine de jeunes âmes, portées par la même flamme pour les lettres, se sont rassemblées autour de deux guides expérimentés : Fabienne Zutterman, écrivaine belge au regard aiguisé, et Joyeux Ngoma, voix incontournable de la scène littéraire congolaise.
La nouvelle, ce genre souvent relégué dans l’ombre du roman, retrouvait ici ses lettres de noblesse. Comment ce format concis pourrait-il devenir le vecteur d’une renaissance littéraire en République Démocratique du Congo ? La question planait telle une évidence dans l’espace saturé d’inspiration. Fabienne Zutterman, avec la précision d’une orfèvre des mots, en dévoilait les mystères : « La nouvelle, par sa concision, oblige à aller droit au but et à condenser les émotions et les idées. C’est un exercice exigeant mais formateur ».
L’atelier d’écriture de nouvelles à Kinshasa se transformait en laboratoire où s’expérimentait une nouvelle approche de la création. Les participants, tels des alchimistes modernes, apprenaient à distiller l’essence des histoires dans le creuset de la brièveté. Joyeux Ngoma, en véritable passeur culturel, insistait sur la portée sociale de cet exercice : « La nouvelle mérite d’être davantage valorisée dans le paysage congolais ». Sa voix portait la conviction de ceux qui voient dans la littérature un miroir des réalités locales.
L’énergie créative atteignait son paroxysme lors des exercices pratiques. L’écriture d’acrostiches à partir de titres de romans devenait un jeu sérieux, une porte d’entrée vers l’imaginaire. Les plumes dansaient sur le papier, traçant des chemins inédits où la contrainte se muait en liberté. Chaque participant découvrait que la brièveté n’était pas synonyme de limitation, mais plutôt d’intensité narrative.
La littérature congolaise contemporaine trouverait-elle dans cet atelier d’écriture les germes de son renouveau ? Les visages illuminés des jeunes auteurs en herbe semblaient répondre par l’affirmative. Fabienne Zutterman et Joyeux Ngoma avaient insufflé plus qu’un savoir-faire technique : une vision. Celle d’une création littéraire qui puise dans les racines congolaises pour porter une voix universelle.
Le Centre culturel Andrée Blouin se confirmait une fois de plus comme ce lieu où les cultures dialoguent et se fécondent mutuellement. Dans cet espace dédié à l’échange, la nouvelle apparaissait comme le pont idéal entre tradition et modernité, entre l’intime et l’universel. Les participants repartaient avec cette certitude : les grandes histoires naissent parfois dans les plus petits formats.
Quel avenir pour la nouvelle dans le paysage littéraire congolais ? L’enthousiasme palpable lors de cet atelier laisse présager une belle métamorphose. La concision devient arme de séduction massive, le fragment se fait manifeste, et la brièveté s’impose comme la nouvelle frontière de la création. La littérature congolaise, riche de ses traditions orales, retrouve dans la nouvelle un écho à sa propre essence.
Comme le soulignait un participant, « la nouvelle nous permet de capturer l’instant, comme une photographie littéraire des réalités qui nous entourent ». Cette image résume parfaitement l’esprit de cet atelier : saisir la complexité congolaise dans le miroir limpide de la forme courte. L’aventure ne fait que commencer, et l’on pressent déjà que ces jeunes plumes marqueront durablement le paysage culturel kinshasais.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd