Dans un contexte de tensions persistantes en Ituri, la cheffe adjointe de la MONUSCO, Vivian Van de Perre, a clôturé sa mission de 72 heures par un avertissement sans équivoque : la pérennité de la paix dans cette province martyre dépend directement de l’éradication du discours de haine. Ce vendredi 27 septembre 2025, la diplomate onusienne a martelé un message qui résonne comme une ultime mise en garde avant le retrait programmé de la mission.
« Si le discours de haine continue, cette province ne retrouvera jamais la paix », a-t-elle affirmé avec une insistance qui traduit l’urgence de la situation. Une déclaration qui interpelle directement l’ensemble des acteurs locaux, alors que la MONUSCO prépare sa transition vers un nouveau mandat en 2025. La question se pose avec acuité : les institutions congolaises sont-elles prêtes à assumer seules la lutte contre cette gangrène qui mine la cohésion sociale ?
Le périple de Vivian Van de Perre à travers Tchabi et Gina, deux localités symboliques des territoires d’Irumu et de Djugu, a permis de mesurer l’ampleur du défi. La rencontre avec la société civile, les organisations de femmes et de jeunes a révélé les fractures profondes qui persistent malgré les efforts de pacification. La diplomate n’a pas mâché ses mots : « Personne ne peut régler seul la crise en Ituri. Nous devons conjuguer les efforts ».
La reconnaissance de la collaboration avec les autorités militaires locales masque-t-elle une inquiétude sous-jacente sur la capacité réelle des forces de sécurité à contenir les violences communautaires ? La synergie évoquée par la représentante onusienne apparaît comme un vœu pieux face à la complexité des enjeux sécuritaires dans la région. La MONUSCO en Ituri joue sa crédibilité dans ces ultimes mois de présence, alors que les attentes des populations restent immenses.
Le rappel des « trente ans de guerre au Congo » par Vivian Van de Perre sonne comme un constat d’échec autant qu’un appel à la mobilisation générale. Les femmes, les jeunes et les leaders communautaires sont sommés de devenir les artisans d’une paix qui leur échappe depuis des générations. Mais cette injonction à la responsabilité collective suffira-t-elle à enrayer la mécanique infernale des violences cycliques ?
La mission de la MONUSCO affirme son engagement pour la réconciliation et le dialogue intercommunautaire, mais la véritable question reste en suspens : quel héritage laissera cette présence internationale après son départ ? Les projets inaugurés lors de cette visite symbolisent-ils un développement durable ou de simples cautères sur une jambe de bois ?
Alors que l’échéance de 2025 approche à grands pas, la crise en Ituri teste la résilience d’une province meurtrie. La lutte contre le discours de haine représente-t-elle la clé de voûte de la stabilisation ou un simple vœu pieux dans un contexte où les armes parlent plus fort que les mots ? La réponse déterminera l’avenir de toute une région et marquera, inévitablement, le bilan final de la mission MONUSCO en terre congolaise.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net