La République Démocratique du Congo est une fois de plus le théâtre d’un dilemme qui interpelle autant la conscience humaine que les arcanes du pouvoir. La famille de Daniel Ngoy Mulunda, ancien président de la CENI RDC, se trouve plongée dans une douleur amplifiée par les contingences politiques. Alors que le deuil frappe leur foyer depuis le 5 septembre 2025, avec le décès de Papa Numbi Kabange Fandelis, leur recours au président Félix Tshisekedi pour une dérogation humanitaire met en lumière les tensions entre justice et compassion.
Dans une lettre ouverte datée de ce mardi 23 septembre, la famille Mulunda a imploré le chef de l’État d’user de ses prérogatives constitutionnelles. Le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, détenu depuis neuf mois dans des conditions décriées par les défenseurs des droits humains, se voit privé du droit élémentaire d’accompagner son père dans sa dernière demeure. Cet appel soulève une question rhétorique cruciale : jusqu’où la raison d’État doit-elle primer sur les devoirs filiaux, pourtant ancrés dans les traditions congolaises ?
Le cas de Daniel Ngoy Mulunda n’est pas anodin. Ancien pilier de la CENI RDC, son parcours est jalonné de controverses. Condamné en 2022 pour des infractions liées à la sûreté de l’État, avant d’être acquitté, son exfiltration de la Zambie vers Kinshasa a ravivé les débats sur les méthodes sécuritaires. Aujourd’hui, sa détention, qualifiée d’isolement total par ses proches, interroge sur l’équilibre entre sanction et humanité. La demande de dérogation pour les funérailles Mulunda devient ainsi un baromètre de la flexibilité du régime Tshisekedi face aux impératifs moraux.
La famille insiste sur la dimension culturelle et universelle de ce devoir. « L’accompagnement d’un parent dans son dernier voyage constitue un acte de piété qui dépasse toute contingence », rappellent-ils dans leur correspondance. Cette plaidoirie, teintée d’urgence, met en exergue les failles d’un système judiciaire souvent accusé d’opacité. Le président Tshisekedi, en tant que magistrat suprême, se trouve à la croisée des chemins : accéder à cette requête pourrait être perçu comme un geste d’apaisement, mais aussi comme un précédent risqué dans la gestion des dossiers sensibles.
Les implications politiques sont profondes. Une refusal de la dérogation présidentielle Tshisekedi pourrait alimenter les critiques sur le respect des droits humains en RDC, especially dans un contexte où la détention ancien CENI est déjà scrutée par des organisations internationales. À l’inverse, une autorisation exceptionnelle pourrait être interprétée comme un signe de faiblesse ou de complaisance envers une figure controversée. Le chef de l’État joue ici sa crédibilité sur l’échiquier national et international, où chaque décision est disséquée avec une acuité particulière.
Au-delà du cas individuel, cette affaire révèle les tensions persistantes entre l’exécutif et les instances judiciaires. La détention de Daniel Ngoy Mulunda, sans accès régulier à une assistance médicale ou juridique, selon sa famille, questionne les garanties procédurales en vigueur. Les funérailles Mulunda pourraient-elles devenir un catalyseur pour une réforme des conditions de détention ? La balle est dans le camp du président, dont la réponse sera analysee à la loupe.
En conclusion, ce dossier dépasse le simple cadre familial pour toucher aux fondamentaux de la gouvernance congolaise. La décision de Tshisekedi sur la dérogation pour les funérailles de Daniel Ngoy Mulunda pourrait influer sur la perception de son leadership, entre fermeté et empathie. Les prochains jours seront déterminants, alors que la famille attend, dans l’angoisse, un geste qui honorerait autant la mémoire du défunt que les principes d’humanité.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd