Le silence lourd de la nuit à Mbanza-Ngungu a été déchiré par des cris d’horreur jeudi dernier. Aux environs de 21 heures, la route nationale numéro 1, artère vitale du Kongo Central, s’est transformée en scène de tragédie. Comment une route si familière aux habitants peut-elle devenir en quelques secondes un piège mortel ?
Le drame s’est produit au niveau de la descente périlleuse de Dilombele, un passage redouté des chauffeurs. Un camion-remorque, victime d’une panne de freins selon les premières constatations, a dévalé la pente à une vitesse incontrôlable. « J’ai entendu un bruit terrifiant, puis des impacts successifs », témoigne un riverain encore sous le choc. « Le camion a emporté tout sur son passage comme un torrent déchaîné. »
Le bilan est lourd : quatre vies fauchées, cinq personnes grièvement blessées. Parmi les victimes, des motocyclistes qui transportaient des passagers, pris au piège de cette course folle. Les services de secours, rapidement dépêchés sur les lieux, ont eu la lourde tâche d’extraire les corps des épaves. Les dépouilles des défunts ont été déposées à la morgue de l’hôpital Nsona Nkulu, où des familles éplorées se pressent depuis l’annonce du drame.
La colère des habitants n’a pas tardé à se manifester. Dans un élan de rage compréhensible, certains ont incendié le poids lourd responsable de l’accident. Une réaction spontanée qui traduit l’exaspération face à la répétition de tels drames sur les routes congolaises. Où sont les contrôles techniques ? Quelles mesures sont prises pour sécuriser les descentes dangereuses comme celle de Dilombele ?
Le commandant Jean-Louis Liongo, chef du commissariat territorial, confirme les circonstances de l’accident mais doit maintenant faire face à une autre énigme : le conducteur du camion a pris la fuite et reste introuvable. Cette disparition ajoute une dimension judiciaire à la tragédie, alors que les familles des victimes attendent justice et réponses.
Ce nouvel accident mortel à Mbanza-Ngungu intervient malheureusement sept semaines après le décès du commissaire divisionnaire du Kongo Central, Bertin Yahweh Sumanda, dans des circonstances similaires à Kimpese. La répétition de ces drames pose cruellement la question de la sécurité routière dans la province. Les poids lourds circulent-ils dans des conditions techniques acceptable ? Les infrastructures routières sont-elles adaptées au trafic actuel ?
La RN1, colonne vertébrale du transport dans le Kongo Central, semble accumuler les stigmates du manque d’entretien et de contrôle. Chaque accident rappelle l’urgence d’une politique routière plus stricte. Les habitants de Mbanza-Ngungu, aujourd’hui en deuil, espèrent que cette nouvelle tragédie servira d’électrochoc aux autorités compétentes.
Derrière les statistiques froides – quatre morts, cinq blessés – se cachent des destins brisés, des familles déchirées. Cet accident de circulation à Mbanza-Ngungu n’est pas qu’un fait divers, mais le symptôme d’un malaise plus profond concernant la sécurité des transports en République Démocratique du Congo. Quand les routes deviennent-elles plus dangereuses que bénéfiques pour les populations qu’elles sont censées desservir ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net