Dans la région troublée du Nord-Kivu, une alerte sanitaire majeure secoue la ville de Beni. Une quarantaine de pharmaciens diplômés ont décidé de rompre le silence face à un phénomène dangereux qui prend de l’ampleur : la prolifération de charlatans qui commercialisent des médicaments sans aucune qualification professionnelle. Cette mise en garde intervient à un moment symbolique, alors que la communauté médicale mondiale célébrait la Journée mondiale du pharmacien, ce 25 septembre.
Mais pourquoi une telle alarme de la part des professionnels de santé ? La réponse est aussi simple qu’inquiétante : chaque médicament représente une substance active puissante, un véritable « poison contrôlé » qui, mal utilisé, peut causer des dommages irréversibles. Imaginez-vous confier la manipulation de produits aussi sensibles à des individus sans formation ? C’est pourtant la réalité que dénoncent ces pharmaciens de Beni, qui voient leur profession discréditée et la santé publique mise en péril.
Le Dr Fiston Sindani, inspecteur provincial de la Santé en Ituri, ne mâche pas ses mots pour décrire cette situation critique. « Le médicament est exclusivement du ressort des pharmaciens », affirme-t-il avec une fermeté qui ne laisse place à aucune ambiguïté. Son constat est sans appel : seules huit années d’études universitaires spécialisées permettent d’acquérir les compétences nécessaires pour manipuler ces substances. Quel risque prend-on à ignorer cette exigence fondamentale ?
La comparaison frappante du Dr Sindani avec les groupes armés locaux illustre parfaitement le niveau de dangerosité. « Le médicament est une arme qui peut facilement tuer, comme les ADF », souligne-t-il. Cette analogie choquante mais réaliste nous rappelle une vérité souvent oubliée : un comprimé mal dosé peut être aussi mortel qu’une balle. Les charlatans qui vendent des médicaments sans connaître leur composition exacte ou leur posologie appropriée jouent littéralement avec la vie des populations déjà vulnérables du Nord-Kivu.
Comment ces pratiques illégales persistent-elles dans un secteur aussi réglementé ? La réponse réside dans un cocktail explosif de précarité économique, de faible contrôle étatique et de méconnaissance des risques par les consommateurs. Beaucoup de citoyens, cherchant des solutions à moindre coût pour leurs problèmes de santé, se tournent vers ces vendeurs non autorisés sans mesurer les conséquences potentielles.
Les symptômes d’une intoxication médicamenteuse peuvent varier desde simples nausées jusqu’à des défaillances organiques multiples. Sans compter les risques liés aux interactions entre différents principes actifs, un domaine où l’expertise du pharmacien devient cruciale. Comment un charlatan pourrait-il anticiper ces dangers complexes sans la formation adéquate ?
Face à cette situation alarmante, les professionnels du secteur pharmaceutique à Beni et Butembo étudient activement des stratégies pour éradiquer ce fléau. Leur combat dépasse la simple défense corporatiste : il s’agit d’une question de santé publique essentielle pour toute la région. La population mérite-t-elle d’être exposée à des médicaments potentiellement dangereux vendus par des individus non qualifiés ?
La solution passe nécessairement par un renforcement des contrôles sanitaires, une sensibilisation accrue du public et une répression plus ferme des activités illégales. Les autorités provinciales devront travailler main dans la main avec les pharmaciens professionnels pour assainir le secteur. Car comme le rappelle le Dr Sindani avec une image marquante : « Les médicaments ne sont pas des marchandises qu’on achète au marché comme le haricot ou les arachides ».
En conclusion, la vigilance s’impose plus que jamais pour les habitants de Beni et des environs. Seuls les pharmaciens diplômés disposent des compétences pour garantir l’usage sécuritaire des médicaments. Face aux charlatans qui prospèrent dans l’ombre, le choix est clair : privilégier sa santé en consultant exclusivement des professionnels autorisés. Votre vie et celle de vos proches valent bien plus que quelques économies douteuses.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net