Dans le quartier Djalo, commune de Kinshasa, une crise silencieuse mine le quotidien de centaines d’élèves. Le complexe scolaire Kabinda de l’Armée du Salut vit au rythme d’une pénurie d’eau qui dure depuis quatre longs mois. Une situation qui transforme l’apprentissage en parcours du combattant.
« Chaque matin, avant même le début des cours, nous devons organiser la corvée d’eau », témoigne Richard Diakubama, enseignant dans cet établissement. « Les élèves arrivent en classe déjà fatigués par le transport des bidons. Comment voulez-vous qu’ils se concentrent sur leurs leçons ? »
La cause de cette pénurie d’eau à Kinshasa remonte aux travaux de réhabilitation de l’avenue Kabinda, entamés en mai dernier. Ces travaux, initialement prévus pour deux mois, ont coupé l’accès à l’eau potable pour l’ensemble du quartier. Quatre mois plus tard, le chantier n’est toujours pas terminé, et les conséquences sur la vie scolaire deviennent alarmantes.
Le spectacle est devenu habituel aux abords du complexe scolaire Kabinda : des écoliers en uniforme, bidons et seaux à la main, faisant la queue près du seul point d’eau accessible, un tuyau de la REGIDESO situé à quelques mètres de l’école. Une scène qui interpelle sur les conditions d’étude dans la capitale congolaise.
« Les conditions sanitaires se dégradent de jour en jour », alerte Richard Diakubama. « Les toilettes sont devenues insalubres, l’hygiène des mains après les toilettes est compromise. Nous craignons sérieusement l’apparition d’épidémies si cette situation persiste. »
La REGIDESO Kinshasa, société nationale de distribution d’eau, se trouve au cœur de ce problème. Les habitants du quartier Djalo, comme les responsables du complexe scolaire, s’interrogent : pourquoi aucune solution alternative n’a été mise en place malgré la durée prolongée des travaux ?
Les conditions sanitaires dans les écoles de la RDC représentent un enjeu majeur de santé publique. Le complexe scolaire Kabinda n’est malheureusement pas un cas isolé. Combien d’autres établissements scolaires à Kinshasa fonctionnent sans accès régulier à l’eau potable ? La question mérite d’être posée alors que la rentrée scolaire bat son plein.
« Nous lançons un appel pressant aux autorités et à la REGIDESO », insiste l’enseignant. « Les enfants paient le prix fort de ces retards dans les travaux. L’eau est un droit fondamental, surtout dans un cadre scolaire. »
Les travaux avenue Kabinda, bien que nécessaires pour l’infrastructure urbaine, révèlent les failles dans la planification des projets publics. L’absence de mesures d’accompagnement pour pallier la coupure d’eau démontre une certaine négligence des impacts sociaux de ces chantiers.
À quand une prise de conscience réelle des autorités sur l’urgence de cette situation ? Les élèves du complexe scolaire Kabinda attendent une réponse concrète, tandis que les enseignants luttent quotidiennement pour maintenir des conditions d’apprentissage minimales. La santé de toute une communauté scolaire est en jeu, et le temps presse.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net