Dans le territoire de Beni, au Nord-Kivu, un simple filet d’eau qui s’écoule d’un robinet représente bien plus qu’un besoin vital satisfait. C’est le symbole d’une dignité retrouvée pour les habitants de Kilya, cette localité qui a longtemps vécu le calvaire de la pénurie hydrique.
« Avant, je devais marcher plus de trois heures par jour pour rapporter quelques bidons d’eau souvent impropre à la consommation », témoigne Mama Bahati, mère de cinq enfants. Comme elle, des centaines de femmes risquaient leur vie quotidiennement sur des chemins isolés, exposées aux violences de tous genres. Combien de filles ont-elles dû abandonner l’école pour cette corvée d’eau ? Combien de femmes ont-elles payé de leur sécurité le prix de l’hydratation familiale ?
La remise officielle jeudi dernier d’un forage équipé de cinq points de distribution par la Brigade d’intervention de la MONUSCO marque un tournant décisif. Cette infrastructure, fruit d’un projet à impact rapide (QIPS), répond enfin à l’appel de détresse d’une population majoritairement composée de déplacés et de retournés. Comment imaginer la reconstruction sans cet accès fondamental à l’eau potable ?
Le chef du secteur de Rwenzori présent lors de la cérémonie n’a pas caché son émotion : « Ce forage représente l’espoir d’une vie normale pour nos communautés. L’eau, c’est la vie, mais c’est aussi la sécurité pour nos femmes et nos filles. »
Derrière ce projet de forage d’eau potable à Kilya se cache une réalité plus complexe : la violence hydrique qui pèse disproportionnément sur les femmes congolaises. Ces points d’eau stratégiquement implantés réduiront considérablement les risques de violences sexuelles, transformant le quotidien de toute une communauté.
Pourtant, cette initiative ne suffira pas à elle seule. Le territoire de Beni reste confronté à des défis immenses en matière d’accès à l’eau potable. Si la MONUSCO Nord-Kivu apporte une solution temporaire, quelle stratégie durable les autorités congolaises mettront-elles en place ? Le projet eau RDC doit-il s’inspirer de ce modèle pour d’autres zones critiques ?
Les maladies hydriques qui décimaient régulièrement les familles de Kilya pourraient enfin devenir un mauvais souvenir. Mais la question persiste : jusqu’à quand ces populations devront-elles dépendre de l’aide internationale pour satisfaire leurs besoins les plus élémentaires ?
Alors que le soleil se couche sur Kilya, les femmes remplissent maintenant leurs récipients en quelques minutes, échangeant des sourires là où régnaient jadis l’angoisse et la fatigue. Cette scène simple mais profondément émouvante rappelle que l’accès à l’eau reste un droit fondamental, non un privilège. Le forage d’eau potable à Kilya symbolise ainsi une petite victoire dans la longue bataille pour la dignité humaine au Nord-Kivu.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net