La situation sécuritaire dans le territoire de Mambasa, en Ituri, atteint un niveau critique. Depuis plusieurs mois, les agriculteurs de cette région sont pratiquement pris en otage par une recrudescence d’attaques armées. L’accès aux champs devient un parcours du combattant, menaçant directement la production alimentaire locale.
Comment les cultivateurs peuvent-ils nourrir la population quand leur sécurité n’est plus garantie ? Les groupes armés locaux, dont l’activité s’est intensifiée, rendent impossible le travail agricole normal. Cette insécurité à Mambasa crée une spirale infernale : moins de production, moins d’approvisionnement, et des prix qui s’envolent.
Les marchés locaux subissent de plein fouet les conséquences de cette paralysie agricole. Les denrées de base se font rares, transformant le simple acte d’achat en défi quotidien pour les ménages. Le panier de la ménagère est sévèrement perturbé, avec des produits alimentaires courants devenant progressivement des denrées de luxe.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes et illustrent l’ampleur de la flambée des prix. Un régime de bananes, autrefois accessible entre 5 000 et 10 000 francs congolais, se négocie désormais entre 25 000 et 30 000 francs. Soit une multiplication par trois, voire plus, du prix de ce produit de consommation courante.
La cossette de manioc, aliment de base dans la région, connaît la même trajectoire inflationniste. Un bassin qui coûtait 10 000 francs oscille maintenant entre 25 000 et 30 000 francs. Les haricots suivent cette tendance alarmante, passant de 500-1 000 francs la mesurette à 1 500-2 000 francs.
Cette configuration désastreuse est aggravée par un phénomène supplémentaire : l’installation de barrières illégales sur les axes routiers. Une dizaine de points de contrôle non officiels ont été érigés par les combattants Wazalendo, créant un véritable système de taxation abusive.
Les habitants doivent désormais s’acquitter de droits de passage pouvant atteindre 2 000 francs congolais simplement pour accéder à leurs propres terres agricoles. Cette pratique illégale ajoute une charge financière insupportable pour des populations déjà vulnérables.
La sécurité alimentaire dans la région est gravement compromise. Déjà fragilisée par des années de conflits et de déplacements de populations, la situation actuelle risque de plonger Mambasa dans une crise humanitaire sans précédent. Les groupes armés en Ituri contribuent directement à cette détérioration des conditions de vie.
Les autorités locales sont-elles conscientes de l’urgence de la situation ? Les mécanismes de protection des civils et des activités économiques semblent insuffisants face à l’ampleur du défi sécuritaire. La présence de l’État sur ces axes routiers doit être renforcée pour permettre la libre circulation des personnes et des biens.
Les conséquences à moyen terme pourraient être dramatiques. Une baisse durable de la production agricole locale entraînerait une dépendance accrue aux importations, creusant davantage le déficit commercial et appauvrissant les populations rurales. Les barrières illégales en RDC constituent un frein au développement économique de toute la région.
La communauté humanitaire suit cette situation avec inquiétude. Les organisations locales, comme la Convention pour le respect des droits de l’homme (CRDH), tirent la sonnette d’alarme depuis des mois. Leur responsable territorial, Rams Malikidogo, ne cesse d’alerter sur la dégradation rapide des conditions de vie.
Quelles solutions peuvent être envisagées pour briser ce cercle vicieux ? La sécurisation des axes routiers apparaît comme une priorité absolue. Sans libre accès aux champs, sans possibilité pour les agriculteurs de cultiver et de vendre leurs productions, la crise ne fera que s’aggraver.
La flambée des prix des denrées à Mambasa n’est que le symptôme visible d’un problème plus profond : l’absence d’autorité étatique sur une partie du territoire. Les agriculteurs d’Ituri méritent mieux que cette insécurité chronique qui les empêche de exercer leur métier dans la dignité.
La situation appelle une réponse coordonnée et urgente des autorités compétentes. Le temps presse pour les populations du territoire de Mambasa, prises entre le marteau de l’insécurité et l’enclume de la vie chère. L’avenir alimentaire de toute une région est en jeu.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net