Le géant suisse des matières premières, Glencore, est actuellement en pourparlers avancés pour vendre sa participation de 75 % dans Kamoto Copper Company (KCC), l’une des plus importantes mines de cuivre et de cobalt en République démocratique du Congo (RDC). Cette opération, qui pourrait représenter plusieurs milliards de dollars, intervient dans un contexte de turbulence pour les marchés des métaux stratégiques, où le cobalt, essentiel à la transition énergétique mondiale, connaît une volatilité persistante. La vente de la part de Glencore dans Kamoto Copper Company signale un recalibrage stratégique majeur, alors que les défis opérationnels et géopolitiques s’accumulent en RDC.
Pourquoi Glencore choisit-il de se désengager maintenant ? Les raisons sont multiples et profondément ancrées dans les réalités économiques actuelles. Le marché du cobalt, pilier de l’industrie des batteries électriques, affiche un ralentissement notable avec une chute des prix de plus de 30 % sur un an, due à un surplus d’offre et à une demande atone. Parallèlement, les mines de cuivre et de cobalt en RDC font face à des pressions croissantes, incluant des suspensions d’exportations décrétées par le gouvernement congolais en 2025, visant à renforcer la souveraineté nationale sur les ressources. Ces mesures ont accru les incertitudes pour les investisseurs étrangers, poussant Glencore à réévaluer son exposition dans cette région clé.
Les acheteurs potentiels, tels qu’Orion Resource Partners et Rio Tinto, représentent des intérêts divergents mais complémentaires. Orion, un fonds américain spécialisé dans les métaux critiques, bénéficie du soutien des initiatives gouvernementales visant à contrer l’influence chinoise dans les ressources minières du Congo. Rio Tinto, de son côté, cherche à étendre son footprint en Afrique centrale, où la concurrence pour l’accès au cuivre et au cobalt s’intensifie. Cette bataille pour le contrôle de Kamoto Copper Company illustre les enjeux géopolitiques plus larges, où la RDC devient un terrain de jeu stratégique pour les puissances économiques mondiales. L’investissement minier au Congo n’est plus seulement une affaire de profit, mais un élément clé de la sécurité des chaînes d’approvisionnement.
Dans ce dossier, le rôle de Gécamines, détenteur des 25 % restants, ne peut être sous-estimé. La société d’État congolaise exerce un droit de veto sur toute transaction affectant KCC, conformément aux lois récentes visant à maximiser les retombées locales. Ce partenariat avec Gécamines est crucial pour la stabilité des opérations, mais il introduit aussi des complexités réglementaires. Les ressources minières du Katanga, riches en cuivre et cobalt, sont au cœur de tensions historiques entre l’État et les multinationales, avec des litiges fréquents sur les redevances et la fiscalité. La vente envisagée par Glencore pourrait donc servir de test pour les futures collaborations public-privé dans le secteur minier congolais.
Sur le plan économique, les conséquences sont significatives. Kamoto Copper Company a produit environ 190 000 tonnes de cuivre et 25 000 tonnes de cobalt en 2024, faisant d’elle un acteur majeur dans l’approvisionnement global. Une cession à un acteur comme Rio Tinto pourrait stabiliser la production, mais elle risque aussi de concentrer davantage le marché entre quelques géants, au détriment de la diversification. Pour la RDC, cette transaction représente une opportunité de renégocier les termes de l’exploitation, en alignant les intérêts nationaux sur les besoins de développement durable. Cependant, les défis persistent : corruption, instabilité politique, et infrastructures défaillantes continuent de freiner le potentiel du pays.
À plus long terme, cette vente pourrait redessiner la carte des investissements miniers en RDC. Si Glencore se retire, d’autres opérateurs pourraient suivre, créant un vide que des acteurs chinois ou locaux pourraient combler. Cette dynamique pose la question : la RDC parviendra-t-elle à attirer des investissements responsables, capables de booster l’économie sans compromettre la souveraineté ? Les experts s’accordent sur la nécessité d’un cadre réglementaire plus transparent et prévisible pour rassurer les marchés. En conclusion, la cession de la participation de Glencore dans Kamoto Copper Company n’est pas qu’une simple transaction ; c’est un baromètre de l’avenir du secteur minier congolais, où les décisions d’aujourd’hui impacteront la croissance de demain.
Article Ecrit par Amissi G
Source: https://www.reuters.com/world/africa/glencore-talks-sell-stake-kamoto-copper-co-bloomberg-news-reports-2025-09-19/?utm_source=chatgpt.com