L’hémicycle du Palais du Peuple vibre ce vendredi 26 septembre d’une tension particulière, alors que les députés congolais se réunissent en séance plénière pour décider du sort politique de trois membres du Bureau de l’Assemblée nationale RDC. Jacques Djoli, Chimène Polipoli et Grâce Neema, respectivement rapporteur, questeure et questeure adjointe, voient leurs carrières parlementaires suspendues au verdict de cette journée historique.
La question centrale qui plane sur cette institution législative congolaise est simple dans sa formulation, mais complexe dans ses implications : comment l’Assemblée nationale RDC peut-elle garantir sa crédibilité institutionnelle lorsque son propre bureau est ébranlé par des contestations internes ? Les pétitions déposées contre cinq membres du bureau ont déjà provoqué deux démissions retentissantes, celles de Vital Kamerhe et de Dominique Munongo, intervenues lundi dernier. Cette onde de choc politique interroge sur la solidité des fondations de cette nouvelle législature.
La commission spéciale et temporaire, présidée par le député Peter Kazadi, a mené un travail minutieux d’examen des pétitions membres bureau. Composée de 22 parlementaires représentant tous les groupes politiques, cette instance a remis un rapport détaillé qui servira de base aux discussions de cette plénière du 26 septembre. Le député Kazadi, élu sur la liste 4AC, a dirigé des auditions dont l’issue a déjà précipité le départ de deux figures éminentes de l’institution.
Quelles stratégies politiques se cachent derrière ces pétitions qui ébranlent l’Assemblée nationale congolaise ? Certains observateurs y voient un règlement de comptes au sein de la majorité présidentielle, tandis que d’autres évoquent une volonté de purification de l’institution législative. La démission Vital Kamerhe, personnalité politique de premier plan, marque un tournant dans cette affaire et donne une dimension nationale à ce qui pourrait paraître comme un simple remaniement technique.
La commission Peter Kazadi a fonctionné comme un véritable tribunal politique, examinant avec rigueur chaque allegation portée contre les membres du bureau. Son rapport, désormais entre les mains des députés, représente la matière première d’un débat qui promet d’être animé. Les parlementaires devront trancher : suivre les recommandations de la commission ou ouvrir la voie à des compromis politiques qui pourraient atténuer les sanctions envisagées.
Dans ce contexte tendu, seuls Christophe Mboso et Isaac Jean-Claude Tshilumbayi, respectivement 2e et 1er vice-présidents, semblent avoir échappé à la tempête des pétitions. Leur position apparaît paradoxalement renforcée par cette crise, alors qu’ils devront piloter une institution en convalescence politique. La plénière de ce 26 septembre représente donc un test crucial pour la stabilité de l’Assemblée nationale RDC et pour l’équilibre des pouvoirs au sein de la jeune législature.
Au-delà des personnalités concernées, c’est la crédibilité même de l’institution parlementaire congolaise qui se joue dans cet épisode. Les députés sauront-ils transformer cette épreuve en opportunité pour renforcer la transparence et l’éthique au sein de l’Assemblée nationale ? La réponse à cette question déterminera la capacité du Parlement congolais à incarner les aspirations démocratiques du peuple.
Les implications de cette séance plénière dépassent largement le cadre institutionnel immédiat. Elles interrogent la maturité politique de la démocratie congolaise et sa capacité à gérer les crises internes selon des procédures établies, plutôt que par des rapports de force opaques. Le travail de la commission Kazadi aura au moins eu le mérite d’instaurer une procédure contradictoire et transparente, rompant avec certaines pratiques du passé.
Alors que les projecteurs se braquent sur le Palais du Peuple, l’issue de cette plénière historique pourrait redéfinir les équilibres politiques au sein de l’Assemblée nationale congolaise pour les mois à venir. La manière dont les députés congolais géreront cette crise institutionnelle enverra un signal fort sur l’état de santé de leur démocratie parlementaire.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd