Le Sénat de la République Démocratique du Congo a franchi une étape déterminante ce mercredi 24 septembre en adoptant le projet de calendrier pour la session ordinaire de septembre 2025. Cette adoption, intervenue après des débats nourris au sein de la conférence des présidents, dessine les contours d’une session parlementaire où les enjeux législatifs et de contrôle s’entremêlent avec acuité. Mais au-delà de l’agenda technique, que révèle cette programmation sur les priorités politiques de la chambre haute ?
Le calendrier sénatorial pour cette session ordinaire de septembre 2025 reste ouvert tout au long de la période, une flexibilité qui pourrait s’avérer cruciale face aux impératifs nationaux. Traditionnellement axée sur le budget, cette session s’annonce pourtant bien plus diversifiée, avec un éventail de matières législatives qui touchent aux fondamentaux de l’État congolais. La commission politique, administrative, juridique et des droits humains ouvrira le bal avec des propositions emblématiques, comme celle portant création de l’ordre national des Héros nationaux, une initiative symbolique mais lourde de sens dans un contexte de recomposition mémorielle.
Sur le front économique, la commission dédiée devra examiner le projet de loi portant reddition des comptes de l’exercice 2024, un dossier sensible qui mettra à l’épreuve la transparence gouvernementale. Le contrôle parlementaire, pierre angulaire de cette session, s’exprimera à travers des questions au gouvernement, des interpellations, voire des commissions d’enquête. Une manière pour le Sénat d’affirmer son rôle de contre-pouvoir, dans un paysage politique où l’Exécutif domine souvent le débat. Les questions de sécurité dans l’Est du pays, bien que non explicitement citées, planent en arrière-plan, rappelant que les urgences nationales pourraient bousculer cet agenda méticuleusement établi.
La dimension sociale n’est pas en reste, avec une proposition de loi visant à protéger les femmes victimes de violences, portée par le sénateur Bahati Lukwebo Modeste. Cette initiative, si elle est adoptée, pourrait marquer un tournant dans la lutte contre les discriminations, mais son examen en commission sera scruté à la loupe, tant les résistances culturelles persistent. Parallèlement, la validation des pouvoirs de nouveaux sénateurs, dont certains ont rejoint le gouvernement Suminwa Tuluka II, illustre les jeux d’influence au sein de l’institution. Le décès du sénateur Ngambani Adonis pendant les vacances parlementaires ajoute une note tragique à ces remaniements.
Dans son intervention, la rapporteure du Sénat a souligné le suivi des dossiers en cours, comme la proposition sur l’Ordre des techniciens en développement rural, déjà transmise à l’Assemblée nationale. Un rappel que la production législative doit s’inscrire dans la durée, malgré les aléas politiques. Cette session ordinaire de septembre 2025 s’ouvre ainsi sur des défis multiples : achever des réformes structurelles, renforcer la redevabilité, et répondre aux attentes citoyennes. Le calendrier adopté n’est qu’un premier pas ; sa mise en œuvre révélera la capacité du Sénat à peser sur les grands équilibres nationaux. Les mois à venir diront si cette chambre haute, souvent perçue comme une chambre d’enregistrement, saura s’imposer comme un acteur incontournable de la gouvernance congolaise.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd