La scène avait des allures de retour triomphal, presque théâtral. Ce mercredi 24 septembre 2025, Jean-Paul Mbwebwa Kapo foulait à nouveau le sol de Mbuji-Mayi, réhabilité par la Cour constitutionnelle après plusieurs mois d’absence forcée. Le gouverneur du Kasaï-Oriental effectue ainsi un retour aussi spectaculaire qu’inattendu, soulignant les fragilités des institutions provinciales et les jeux d’influence qui traversent l’appareil d’État.
L’accueil à l’aéroport de Bipemba dépassait les simples formalités protocolaires. Une foule en liesse, soigneusement orchestrée ou spontanée ? La question mérite d’être posée tant la présence massive de sympathisants contrastait avec les accusations qui avaient motivé sa destitution. Le vice-gouverneur Augustin Kayemba Mulemena et l’ensemble du comité provincial de sécurité avaient fait le déplacement, donnant à cette arrivée une dimension officielle incontestable.
La réhabilitation de Jean-Paul Mbwebwa Kapo par la plus haute juridiction du pays interroge sur l’équilibre des pouvoirs entre instances provinciales et nationales. La Cour constitutionnelle, en annulant la procédure de destitution pour violation des droits de la défense, rappelle avec force que la légalité doit primer sur les considérations politiques. Mais cette décision soulève une question plus fondamentale : jusqu’où peut aller l’autonomie des assemblées provinciales dans le contrôle de l’exécutif local ?
Le dossier qui avait valu au gouverneur sa disgrâce initiale – un présumé détournement de 3 millions de dollars – semble s’être évaporé devant les magistrats constitutionnels. La procédure legislative aurait-elle été entachée de vice de forme, ou s’agit-il d’une manoeuvre politique déjouée par la sagesse des juges ? Les observateurs avertis noteront que le timing de ce retour, autorisé par le Vice-Premier ministre Jacquemain Shabani, n’est probablement pas fortuit.
La présence massive des cadres de l’UDPS lors de l’accueil témoigne de l’enjeu partisan que représente ce retour. Le gouverneur Mbwebwa Kapo incarne-t-il désormais la résilience du pouvoir face aux tentatives de déstabilisation ? Son retour aux fonctions ce jeudi au gouvernorat marque un tournant dans la gouvernance du Kasaï-Oriental, province stratégique dont les richesses minières alimentent bien des convoitises.
Reste à savoir comment le gouverneur va gérer cette seconde chance. La population du Kasaï-Oriental, longtemps promise à un développement qui tarde à se concrétiser, attendra plus que des symboles. La réhabilitation juridique doit s’accompagner d’une légitimité retrouvée sur le terrain, through des actions concrètes en matière d’infrastructures, de santé et d’éducation. Le défi est de taille pour Jean-Paul Mbwebwa Kapo, qui devra faire oublier les circonstances troubles de son éviction.
Cette affaire révèle les tensions persistantes entre centralisation et décentralisation dans la jeune démocratie congolaise. La Cour constitutionnelle s’est positionnée en arbitre suprême, mais sa décision suffira-t-elle à apaiser les rivalités politiques locales ? La véritable épreuve commence maintenant pour le gouverneur réhabilité, qui devra naviguer entre les attentes de la population, les exigences de ses bailleurs de fonds et les jeux d’influence des acteurs nationaux.
Le retour de Jean-Paul Mbwebwa Kapo à la tête du Kasaï-Oriental ouvre donc un chapitre incertain dans l’histoire de cette province. Sera-t-il celui de la réconciliation et du développement, ou simplement une parenthèse avant de nouvelles turbulences politiques ? La réponse dépendra de la capacité du gouverneur à transformer son retour en victoire politique durable, mais surtout en progrès tangibles pour les populations qu’il administre.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd