Trois semaines après la date officielle de la rentrée scolaire 2025-2026, le tableau reste sombre dans plusieurs zones éducationnelles du Nord-Kivu. Des milliers d’enfants se retrouvent privés de leur droit fondamental à l’éducation, tandis que les enseignants, en grève persistante, réclament le paiement de leurs salaires et primes impayés. Comment en est-on arrivé à cette situation critique qui hypothèque l’avenir de toute une génération ?
À Walikale, la situation est particulièrement alarmante. Les écoles demeurent fermées, transformant la rentrée scolaire en un rêve brisé pour des familles entières. Entre établissements détruits, villages désertés et enseignants absents faute de rémunération, l’organisation des cours relève de l’impossible. Les grèves intermittentes et les blocages se multiplient, plongeant le système éducatif dans une crise sans précédent.
« Même si nous voulons enseigner, comment faire ? Nous n’avons pas de sécurité, pas de salaire, pas de moyens. Tant que ça ne change pas, on ne peut pas reprendre les cours », témoigne un enseignant de Masisi, résumant le désarroi de toute une profession. Cette crise des grèves enseignants en RDC frappe de plein fouet des parents déjà éprouvés par la pauvreté, qui peinent à soutenir la scolarité de leurs enfants.
Face à cette crise éducationnelle au Nord-Kivu, des leaders locaux tirent la sonnette d’alarme. Ils appellent à la mise en place urgente d’une commission tripartite composée de la DINACOPE, des élus nationaux et du ministère de l’Éducation. Cette structure aurait pour mission d’enquêter sur les causes profondes de la grève et de proposer des solutions concrètes.
« Ce sont des enfants innocents, des parents qui ne comprennent pas ce qui se passe, mais qui subissent les conséquences. C’est une grave violation du droit à l’éducation. Nous demandons aux autorités nationales d’intervenir rapidement », s’indigne un leader communautaire, soulignant l’urgence de la situation.
Dans ce paysage désolé, une lueur d’espoir perce cependant à Rutshuru. La province éducationnelle Rutshuru 1 confirme que Caritas a commencé à payer les enseignants depuis lundi dernier. Cette initiative pourrait amorcer une reprise progressive des cours, à condition qu’elle s’étende à d’autres zones touchées. Le fait que Caritas paye les enseignants à Rutshuru représente un premier pas vers la résolution de cette crise, mais suffira-t-il à endiguer le phénomène ?
La rentrée scolaire au Nord-Kivu 2025 s’annonce donc comme un véritable casse-tête pour les autorités éducatives. Les écoles fermées à Walikale symbolisent l’ampleur du défi à relever. Au-delà des questions salariales, c’est toute la chaine éducative qui nécessite une restructuration en profondeur. Comment garantir la continuité pédagogique dans un contexte aussi volatile ?
Les enjeux sont immenses : chaque jour sans école creuse le fossé des inégalités et compromet l’avenir de milliers d’enfants. La crise actuelle appelle des solutions durables qui dépassent les simples mesures palliatives. Elle interroge la capacité des institutions à assurer un service éducatif de base dans des régions en proie à multiples défis.
Alors que certains observateurs craignent une année blanche dans plusieurs zones, la réponse des autorités se fait attendre. La balle est désormais dans le camp des décideurs politiques, qui doivent comprendre que l’éducation n’est pas une variable d’ajustement, mais le pilier fondamental du développement de toute nation.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net
