À Matadi, au Kongo-Central, une situation routière alarmante met en péril la vie quotidienne des habitants. Le tronçon reliant le rond-point Stade au rond-point Belvédère, autrefois artère vitale de la ville, n’est plus qu’un champ de cratères et d’eaux stagnantes. Comment en est-on arrivé à cette dégradation extrême qui menace la sécurité des usagers ?
« Chaque jour, c’est un véritable parcours du combattant », témoigne Jean-Baptiste, chauffeur de taxi-moto depuis dix ans. « Les nids de poule sont si profonds qu’ils endommagent nos véhicules. Quand il pleut, l’eau monte jusqu’aux genoux et les piétons doivent marcher dans la boue. » Ce constat amer est partagé par tous les usagers de cette route pourtant stratégique.
La cause principale de cette dégradation avancée réside dans le bouchage systématique des caniveaux. Les habitants pointent un double problème : les déchets ménagers jetés anarchiquement, mais surtout les résidus provenant du lavage mensuel des tuyaux de la REGIDESO. Le poste de distribution situé près du marché Abako devient, lors de ces opérations, une source de contamination pour la chaussée.
« À chaque lavage des tuyaux de la REGIDESO, c’est la même catastrophe », déplore Mama Sophie, commerçante au marché Abako. « L’eau déborde et s’infiltre partout, fragilisant la route. Personne ne nettoie après ces opérations. » Cette négligence répétée transforme progressivement la chaussée en passoire, particulièrement vulnérable à l’approche de la saison des pluies.
L’impact de cette dégradation dépasse largement le simple inconfort de circulation. Ce tronçon routier dessert des lieux essentiels : l’église des Témoins de Jéhovah, deux établissements scolaires importants et le marché Abako, poumon économique de la zone. Il constitue également le lien vital entre les communes de Nzanza et Mvuzi. Sa détérioration entrave non seulement la mobilité, mais paralyse aussi les activités économiques et éducatives.
« Les parents hésitent à envoyer leurs enfants à l’école quand il pleut », rapporte un directeur d’établissement scolaire. « Les élèves arrivent trempés et sales. Quant aux marchandises, elles mettent le double de temps à arriver au marché. » Cette situation affecte particulièrement les petits commerçants qui voient leurs revenus diminuer à cause des difficultés d’accès.
Face à cette urgence, les riverains interpellent les autorités municipales et les services techniques compétents. La demande est claire : un curage immédiat des caniveaux et des travaux de réhabilitation avant que la saison des pluies n’achève de détruire ce qui reste de la chaussée. « Si on attend encore, il n’y aura plus de route à réparer », s’alarme un habitant de Nzanza.
La question qui se pose aujourd’hui est celle de la responsabilité collective. Jusqu’à quand les habitants devront-ils subir les conséquences de caniveaux bouchés et d’un entretien défaillant ? La route Matadi dégradée symbolise le défi plus large de l’entretien des infrastructures urbaines dans la région. Alors que la saison des pluies approche à grands pas, le temps presse pour éviter une catastrophe plus grande encore.
Cette situation critique sur le tronçon Stade Belvédère interroge sur la gestion des infrastructures publiques au Kongo-Central. Entre négligence des opérations de la REGIDESO et absence de maintenance préventive, les populations paient le prix fort. La route, plus qu’une simple voie de circulation, représente le lien social et économique qui unit les communautés. Sa dégradation progressive menace ce fragile équilibre.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
